Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Elsa's Trips

14 avril 2024

Costa Rica - partie 2

Vendredi 16/02/24

 

On quitte notre hôtel pour prendre la navette que l’on a réservée pour rejoindre notre prochaine étape, La Fortuna.

Le midi le chauffeur nous propose une mini pause. On négocie pour gagner 5 minutes, et on va acheter un sandwich tout simple, jambon-fromage. On s’inquiète que le sandwich mette 15 minutes à être préparé, pendant que le chauffeur nous presse parce qu’il veut repartir. Évidemment quand les sandwichs arrivent, ils sont dans une boîte en polystyrène, accompagnés de frites et de salade… On n’apprend décidément pas de nos erreurs…! Et on se fait remarquer une fois encore.

 

Arrivées à La Fortuna on trouve un pressing pour faire une vraie lessive (vu l’odeur des vêtements sales une simple lessive à la main aurait été peu efficace) et on va se boire 2 excellents batidos dans un restaurant en ville. On fait quelques recherches pour organiser notre journée du lendemain. Bref, pour une fois, on a un tout petit peu de temps devant nous.

 

Ça ne va pas durer.

 

Samedi 17/02/24

 

On se lève à 6 h pour prendre le bus de 7h qui doit nous amener au parc national Arenal. A l’arrêt de bus, tout le monde nous affirme qu’il n’y a pas de bus à 7h, et qu’il ne passera qu’à 8h. Ca commence bien. Effectivement, on ne voit rien venir.

Du coup on décide de prendre le shuttle proposé par une auberge de jeunesse et qui permet avec un forfait d’accéder à plusieurs points de visite dans le coin.

En attendant son heure de départ, on mange nos biscuits dans le petit parc sur la place principale de la ville. On observe l’employé municipal qui s’occupe de ramasser les feuilles mortes en les virant grâce à sa souffleuse. Il est très appliqué : tous les arbres, buissons, fleurs et plantes vertes y passent.

 

Dans le shuttle on fait la connaissance d’un couple d’italo-polonais très sympas, quoiqu’assez radins d’après ce qu’ils nous racontent de leurs expériences de voyage. Ils descendent au parc privé « 1968 », dont le nom fait référence à l’année où le volcan Arenal est entré en éruption après 300 ans d’inactivité. L’éruption s’est terminée en 2010, soit très récemment.

Perrine et moi sommes les seules à descendre au niveau du parc national, le terminus. Le chauffeur nous dépose en nous disant bien qu’il nous récupérera à 11h30, et qu’il ne nous attendra pas si on n’est pas à l’heure au rdv. Nous voilà prévenues…

 

A l’entrée du parc se trouve un panneau montrant les sentiers accessibles. C’est un petit parc, il n’y a que 2 chemins, que la pancarte nous annonce plats à 94 %. Cela paraît d’une simplicité enfantine, presque déprimante.

Du coup, on décide d’emprunter le sentier le plus long, qui fait un détour par la forêt pour voir l’arbre El Ceibo, qui aurait plus de 400 ans, avant rejoindre le fameux volcan, le but de notre visite.

Nous commençons notre balade tout tranquillement. Au bout d’un moment, on voit que le chemin devient de plus en plus boueux. À partir de ce moment-là, la boue ne s’arrêtera jamais et deviendra de pire en pire. Il y a des moments où en s’en met jusqu’aux genoux. Parfois des petites planches de bois ont été disposées sur le chemin pour nous aider à passer, mais quelques mètres plus loin des étangs de boue s’étalent sur toute la largeur du sentier sans que rien n’ait été fait pour en permettre la traversée. Malgré cela nous nous accrochons et nous continuons à avancer. Bien sûr on est couvertes de boue, on transpire, on est à nouveau toute crasseuses.

 

Sur le chemin on croise des fourmis qui transportent des morceaux de feuille à la queue leu leu, un coati à 2 mètres de nous, et nous arrivons enfin au fameux arbre ceibo. Il est impressionnant, gigantesque. Il a récemment été frappé par la foudre et a été coupé en deux.

Le coati

Le coati

Le ceibo

Le ceibo

Tout cela est très joli, mais avec toute cette boue, nous avons mis deux fois plus de temps que prévu pour faire le sentier. Où est donc le volcan ?

Heureusement après le ceibo (et encore plus de boue) on rejoint assez rapidement le chemin principal et après quelques montées et un passage sur les anciennes coulées de lave noires, on atteint le point de vue qui nous permet de l’admirer. La vue est dégagée à la base, ce qui est une chance car ici la météo est très pluvieuse et brumeuse. Un gentil couple nous prend en photo devant.

Le volcan Arenal

Le volcan Arenal

Maintenant, on doit se magner, parce que le shuttle est à 11h30 et qu’il ne nous attendra pas. Sur le chemin du retour, des bus de touristes ont dû arriver entre-temps, parce que le parc, qui était très tranquille jusqu’à présent, commence à grouiller de monde. On en dégomme la moitié en se faufilant à toute vitesse au milieu d’eux. On court presque, mais on y est, on arrive au point de rdv à 11h27 précises !

 

Le chauffeur est de meilleure humeur que ce matin et commence à discuter avec nous. Il passe au 1968 pour récupérer les touristes qu’il a déposés ce matin. Il ne les voit pas et va se renseigner auprès du garde de l’entrée. Apparemment en arrivant ils ont dit qu’ils devaient aller aux toilettes puis se sont enfuis sans qu’il ne les voie, sans payer l’entrée du parc… la honte. Le chauffeur est outré.

 

Il nous dépose ensuite près d’un coin où il y a des sources chaudes naturelles. En fait, il y a plusieurs dans le coin, mais c’est généralement privatisé avec des installations plus ou moins luxueuses, et donc payant. Ici, on peut descendre à la rivière depuis le bord de la route, et s’installer dans l’eau parcourue de courants d’eau très chaude. On se trouve un super spot et on profite (ça change des bains de boue involontaires…).

Sources chaudes naturelles

Sources chaudes naturelles

Peu de temps après on a faim, donc on cherche où s’installer pour grignoter notre casse-croûte. Évidemment, en grosses flemmardes, on n’a pas préparé nos sandwichs à l’avance à l’hôtel, on a tout emmené tel quel : le pain, le fromage, l’avocat, les tomates… et un couteau de l’auberge de jeunesse que l’on a emprunté pour la journée.

Le problème c’est qu’ici rien n’est aménagé : pas de table ou même d’endroit confortable pour s’installer. On s’assoit donc en équilibre sur un bout de rocher pointu, et on essaie tant bien que mal de préparer notre repas sur nos genoux.

Puis on retourne dans l’eau, ce qui nous permet de nous débarbouiller un peu au passage…

 

On rentre en croisant les mauvais payeurs dans le shuttle. On essaie de leur tirer les vers du nez pour savoir ce qui s’est passé, mais ils ne nous disent rien. Cela dit, ils la ramènent beaucoup moins que ce matin…

 

De retour en ville on cherche une excursion pour la journée de demain. On a envie de faire du canoë sur la rivière au milieu de la forêt.

On met les agences de tourisme en concurrence et on rencontre d’abord un garçon charmant, qui nous explique en détail ce qu’il propose, et les conditions de l’excursion. Ça nous plaît bien mais par principe on va voir dans l’agence d’à côté. La fille est beaucoup moins enthousiaste, et nous débite sur un ton morne la description de l’activité. Voyant notre peu d’intérêt, elle ajoute : « mais vous pouvez aussi prendre l’option supplémentaire, grâce à laquelle on vous apprendra à faire des tortillas sur le bateau »… Perrine et moi avons la même réaction : « merci beaucoup Madame, on va y réfléchir », et on sort. Là, on éclate de rire : Faire des tortillas au milieu de la jungle ? Et puis quoi encore ?

 

On réserve donc avec le premier monsieur. Ensuite on va faire quelques emplettes, puis on repasse par le jardin au milieu de la place principale. Les oiseaux y font un boucan incroyable. On s’aperçoit vite que ce sont des centaines de petits perroquets, qui nichent dans les arbres et s’excitent à la tombée du soir.

On découvre également une jolie boutique artisanale (la seule de tout notre séjour), où une artiste vend en direct ses créations avec sa sœur.

 

Pour le resto de ce soir on décide d’aller dans un endroit un peu plus chic que d’habitude parce qu’il est samedi soir et qu’on a envie de se faire plaisir. Il y a de la musique live, c’est très sympa. On se prend un cocktail à 15 dollars chacune, ainsi qu’un houmous à se partager, qui est divin. On n’a pas les moyens de payer pour plus .

Évidemment, quand on ressort, on a encore faim. Mais il est difficile de trouver un resto qui sert encore à manger. On choisit une pizzeria et on se commande une pizza pas chère pour 2, pendant que tous les clients du resto se barrent parce que pour un Costaricien, un samedi soir à 21h15, c’est le moment d’aller se coucher.

Quand la pizza arrive, le resto est vide. Le patron, qui s’est installé à la table à côté, commence à nous raconter sa vie. C’est une sorte de vieil ivrogne désabusé. Il nous fait de gros sous-entendus relatifs à la saint Valentin « je l’ai passée seul avec mes chiens, c’est difficile de trouver une femme... ». Une fois la pizza engloutie, on se barre, non sans qu’il ne nous ait répété de revenir demain, et de nous dire au-revoir avec un bisou sur la joue qu’on n’avait pas vu venir.

 

Dimanche 18/02/24

 

On prend un excellent petit-déjeuner au restaurant Open Kitchen, assises à une table située juste à côté du haut-parleur qui passe de la très bonne musique, qui nous donne envie de chanter (qui aurait cru qu’on entendrait du Barbara Pravi au fin fond du Costa Rica?).

On rentre à l’hôtel et la voiture du tour opérateur nous attend déjà, pour nous emmener à l’excursion Safari Boat.

 

On rencontre les personnes avec qui nous allons partager notre canoë : notre guide José, ainsi que deux Britanniques, John et Patricia. Tout le monde est très sympa, et José est passionnant, nous racontant plein d’anecdotes sur la vie au Costa Rica (du style la drogue qu’on fait passer dans les ananas… je comprends mieux pourquoi ce fruit est si bon…) et nous montre plein d’animaux le long des rives.

Excursion safari boat

Excursion safari boat

On mange ensuite ensemble, le repas étant compris dans l’excursion. On goûte le thé à la canne à sucre, excellent. José propose de nous faire goûter le moonlight, et nous demande si nous voulons un grand ou un petit verre. Ne sachant pas de quoi il s’agit, on demande un grand. Oups, c’était du schnaps… on déguste aussi de l’excellent chocolat.

 

L’après-midi on se repose. Il pleut à verse dehors (y compris sur nos chaussures de rando que l’on avait mises à sécher dans la cour, évidemment…).

On réserve notre navette pour la prochaine étape du voyage, Tortuguero. Et le soir on va manger une fois encore à l’Open Kitchen, parce que c’était vraiment trop bon.

 

Lundi 19/02/24

 

La navette doit passer nous chercher devant notre auberge à 5h40.

Nous sortons à 5h37 et elle est déjà là ; le chauffeur nous presse et nous traite comme si on les avait fait attendre des plombes. Perrine et moi râlons, considérant que 3 minutes d’avance, à cette heure si matinale, c’est au moins l’équivalent d’une 1/2 heure d’avance en temps normal !

 

La navette est gérée par un gros tour opérateur et ça se voit : à 9h, on nous arrête dans leur complexe hôtelier pour prendre le petit déjeuner, et là, c’est l’usine : on doit faire la queue pour qu’on nous serve les différents plats, on n’a surtout le droit de toucher à rien, on nous traite comme des enfants en nous rappelant constamment les horaires, et un nombre incroyable de touristes se retrouve regroupé là.

On n’aime pas du tout.

 

Le programme prévoyait de nous déposer à 11h à l’embarcadère pour prendre le bateau nous emmenant à Tortuguero (inaccessible par la route). On pensait donc qu’on en aurait vite fini. Que nenni !

 

L’accompagnatrice qui est avec nous dans la navette nous annonce toute fière une surprise sur le trajet : on va visiter une plantation de bananes ! Tous les passagers sont interloqués : on a acheté une prestation de navette, un transport, pas une excursion ! C’est comme si la SNCF décidait, sans prévenir les passagers, d’arrêter ses trains au milieu de la campagne en annonçant : « Mesdames, Messieurs, votre attention s’il vous plaît. Le TGV 8290 effectuera une pause d’une heure afin de vous permettre de visiter la ferme de Roger, producteur de fromage de chèvre. Roger, ici Roger. Pour la sortie, veuillez emprunter le passage sous-terrain, s’il vous plaît ».

On arrive à la plantation, et on voit surtout des esclaves modernes qui effectuent un boulot incroyablement physique, sous une chaleur étouffante, entourés de touristes qui les prennent en photo comme s’ils étaient au zoo. Écœurées, on rentre dans la navette.

Mais ce n’est pas tout. On nous annonce une deuxième surprise. Cette fois-ci, on nous emmène voir un éleveur de coléoptères géants. Super. Quand est-ce qu’on arrive ?

 

On descend enfin à Cano Blanco pour prendre le bateau. On nous annonce une traversée d’environ 1h10, mais on tombe sur le capitaine le plus mou du monde et finalement on est coincées pendant 2h30 sur le bateau, avec des gilets de sauvetage ridiculement énormes qui nous empêchent de bouger. On se traîne comme des paresseux.

 

Enfin, on arrive à Tortuguero, sous la pluie battante. On ne sait pas comment faire pour rejoindre notre auberge car il n’y a pas d’adresses, ici. Google Maps ne nous aide pas plus car il ne reconnaît manifestement pas les rues et nous voit au milieu de la nature.

On se résout donc à demander notre chemin à la fille de l’accueil de l’agence où a débarqué notre bateau. Elle nous dit que ça va être difficile, parce que c’est loin, et qu’il faut s’y repérer sans nom de rues, sous la pluie et avec nos gros sacs à dos… elle finit par nous dessiner un petit plan qui indique l’auberge à environ 700 mètres… heu… on n’a pas la même définition de « loin », toutes les deux.

On s’élance sous la pluie battante en faisant « splaff splaff » avec nos sandales dans les immenses flaques d’eau et de boue.

On finit par arriver, immondes, fidèles à notre légende.

 

On se repose un peu dans la chambre puis on part à la recherche d’une excursion pour la journée de demain. On se prend ensuite un bon batido puis on va se balader sur la plage puisque la pluie s’est enfin calmée. L’eau est beaucoup trop agitée pour pouvoir se baigner, mais la plage est magnifique après la tempête.

La plage de Tortuguero après la tempête

La plage de Tortuguero après la tempête

On ressort le soir pour aller manger au resto, mais on a l’outrecuidance de rester à papoter un peu trop longtemps, et à 21h15, alors que toutes les lumières sont éteintes, le serveur vient nous amener l’addition d’autorité, parce que tout le monde devrait déjà être au lit à cette heure indue.

 

Mardi 20/02/24

 

On se lève comme d’habitude beaucoup trop tôt dans ce pays, pour être à 6 heures au lieu de rdv pour l’excursion en canoë sur les canaux du parc naturel.

Mais cette fois-ci le guide est beaucoup moins sympa. Il marmonne à moitié dans sa barbe, et nous engueule presque quand on n’arrive pas à voir les animaux qu’il nous pointe du doigt. Alors que franchement, les caïmans sont maîtres dans l’art du camouflage.

Petit test : arrives-tu à trouver le caïman ?

Petit test : arrives-tu à trouver le caïman ?

Une fois revenues sur la terre ferme, il se met à pleuvoir à verse, et ça ne s’arrêtera plus jamais.

On fait une pause forcée à l’auberge. Au bout d’un moment, on se dit que la météo ne va pas s’améliorer et on se décide à sortir sous la pluie pour faire la 2ème partie du parc national, qui est terrestre (contrairement à la partie maritime qu’on a fait ce matin) et dont l’entrée se trouve juste au bout de la rue principale du village.

La visite est sympa mais même si on évite les plus grosses draches, on est rapidement trempées.

 

Quand on rentre, on meurt de faim et on s’arrête dans un resto pour se prendre une crêpe aux fruits de la passion pour ma part et un smoothie chocolat banane pour Perrine. La table est sur la terrasse (pas de place à l’intérieur), il ne fait pas bien chaud et on est bien mouillée. Résultat, on a super froid. Perrine a les lèvres qui commencent à devenir bleues. C’est pas le moment de faire une hypothermie.

On rentre donc se sécher. Il y a sans cesse des coupures de courant mais rien de méchant.

Le soir on va manger au restaurant El Nino. Le patron décide de mettre des chansons de Bob Marley en fond sonore, et ça nous donne envie de chanter.

Après avoir cassé les oreilles des autres clients, on rentre en chantant du Bob Marley et en sautant dans les flaques. On se fait une soirée chanson très sympa (petit bonus pour « Je veux du sale » de David Castello-Lopez qui est particulièrement approprié pour ce voyage).

 

Mercredi 21/02/24

 

Le jour où on a failli mourir.

 

On petit-déjeune dans une boulangerie qui continue à servir malgré les coupures de courant répétées. Il a beaucoup plu pendant la nuit et il pleut toujours pendant qu’on mange.

 

On monte dans le petit bateau 10 places qui va nous amener à Moin, d’où on rejoindra notre prochaine étape, Cahuita. Le capitaine a l’air du genre désinvolte : il ne fait aucun speech sur la sécurité quand on monte, et les gilets de sauvetage sont en option.

Il part à toute blinde, il prend les virages comme un fou, le bateau penche à chaque fois et les passagers frôlent l’eau. A un moment il manque de noyer un pauvre buffle qui se délassait tranquillement dans la rivière !

Au moins on ne se traîne pas comme à l’aller… mais bon, c’est quand même impressionnant. On est au milieu de la forêt vierge et il y a des caïmans dans l’eau, on ne peut pas manquer de s’interroger sur ce qu’il se passerait si le bateau venait à chavirer…

Soudain, il stoppe net. Il nous explique que l’eau a tellement monté que le bateau s’enfonce dedans et qu’il doit attendre quelques instants qu’il remonte naturellement à la surface. Il renouvelle l’opération plusieurs fois, et il semble surpris du niveau de l’eau. Il prend des photos et des vidéos sur son téléphone. Preuve que la situation doit être exceptionnelle, même pour un coin qui est habitué à recevoir beaucoup d’eau pendant la saison des pluies.

 

On arrive devant un pont suspendu, qui relie 2 – 3 maisons de part et d’autre du fleuve. L’eau a tellement monté qu’on se demande si le bateau va passer dessous… le bateau avance lentement, et quand on est juste devant, il faut se rendre à l’évidence : on ne passe pas. Comme il s’agit d’un pont suspendu, qui n’est donc pas « en dur », le capitaine tente une manœuvre : il demande à un des passagers, un grand gaillard bien costaud, de se lever, se mettre à l’avant, et essayer de soulever le pont pendant qu’on passe dessous. C’est peine perdue, il n’y arrive pas.

Le capitaine est dans l’expectative. Comment va-t-on pouvoir avancer ?

 

Entre-temps, un type est sorti de sa maison et nous observe, se demandant visiblement comment on va s’en sortir. Tout est inondé. La maison est sur pilotis donc elle a échappé au pire, mais on ne voit plus de route, de champ, ou autre. Que de l’eau brune partout.

Le capitaine nous annonce alors qu’il va contourner le pont. Puisqu’il n’y a plus de démarcation avec la terre ferme, il pense pouvoir faire passer son bateau sur le côté.

Le type devant sa maison, qui le voit commencer à faire sa manœuvre, lui crie qu’il est fou et qu’il ne peut pas passer par là. Ce n’est pas très rassurant, quand les locaux, qui maîtrisent les lieux et les situations de forte pluie, nous disent qu’on ne peut pas passer.

 

Le capitaine n’en a cure et commence à avancer. C’est compliqué, parce qu’il y a beaucoup de courant à l’endroit où le fleuve passe, et que sur le côté, ce n’est pas fait pour les bateaux : il y a des arbres, des piquets le long de ce qui semble être des champs, des grillages, etc. Le bateau doit essayer de naviguer entre. Le capitaine demande au passager grand gaillard de l’aider et de repousser les obstacles pour se frayer un chemin. Celui-ci se lève, se met sur le côté pour essayer de pousser les branches d’arbre, et manque de faire chavirer le bateau. Tout le monde retient son souffle. Une des passagères, une Française avec ses deux jeunes enfants et son mari, commence à paniquer.

Le capitaine voit que ça ne fonctionne pas et décide de couper le moteur et de descendre : il plonge dans l’eau jusqu’à la taille, prend une corde, l’attache à l’avant du bateau et le tire en tentant de le diriger ainsi. Il a des pagaies dans le bateau et demande à tous les hommes de pagayer pour l’aider.

La Française commence vraiment à faire une crise de panique. Son mari essaie de la rassurer en lui disant que tout va bien se passer, et qu’au pire, même si le bateau se coinçait, on pourrait débarquer et aller se réfugier dans la maison à côté en attendant qu’on vienne nous chercher. Elle lui explique qu’elle n’a pas peur de ça, mais que là, le moteur est coupé, sans capitaine à son bord, qu’on est donc à la merci du courant qui est très fort au milieu du fleuve et qu’on peut se faire emporter de cette manière. Il détourne la conversation.

Tout le monde retient son souffle et le type sur la terrasse de sa maison nous observe avec attention. C’est épique, surréaliste, et un peu effrayant.

Le capitaine finit par réussir à faire passer le bateau entre les différents obstacles, aidé par les passagers. Il le rapproche du centre du canal, puis saute dedans à la dernière minute, remet le moteur en route, et parvient à stabiliser le tout avant que le courant nous emporte.

Ouf ! C’était une sacrée aventure.

 

Il repart plus avant. On arrive dans un coin très sauvage où le cours d’eau s’élargit mais où le courant a charrié des herbes, des bûches, des branches, à la surface de l’eau, ce qui crée des sortes d’îles flottantes qui obstruent complètement le chemin. On avance très doucement pour éviter que les longues herbes ne se prennent dans le moteur du bateau. Soudain, on voit devant nous un mur de branchages, aussi haut que le bateau, qui nous fonce dessus, porté par le courant. La Française est au bord de l’apoplexie. Le capitaine met tranquillement le bateau à l’arrêt. Le courant finit par faire passer l’obstacle sur le côté du bateau, on peut à nouveau avancer au milieu de cette forêt flottante.

 

Au bout d’un moment, on finit par croiser un petit bateau venant d’en face. Voilà enfin une bonne nouvelle ! S’il a réussi à passer jusque-là, c’est qu’on peut avancer.

Bientôt, la route se dégage et on navigue à nouveau sur un fleuve normal. Le capitaine décide donc de reprendre ses bonnes habitudes et repart à fond comme au début, en prenant ses virages à toute allure en penchant le bateau à mort. C’est manifestement un accroc à l’adrénaline…

On finit par arriver à Moin. Les Français, qui avaient fait ce même trajet dans le sens inverse, nous disent qu’ils avaient mis 3 heures à l’aller, alors qu’on n’a mis que 2h30 pour faire ce trajet plein d’obstacles au retour…

En descendant, je remercie le capitaine pour nous avoir tiré de là (il a quand même beaucoup donné de sa personne), mais il hausse les épaules, considérant manifestement que ce n’était rien d’extraordinaire.

 

A Moin nous sommes censées prendre un collectivo pour nous emmener à Cahuita, mais le parking est vide. Il n’y a qu’un taxi, qui attendait 2 touristes qui l’avaient réservé à l’avance. On se bat avec le chauffeur pour négocier le prix, il ne veut pas céder. En plus commence à pleuvoir. On n’en peut plus.

Il finit par revoir un peu son prix à la baisse, donc on accepte, on n’a qu’une hâte, rejoindre notre auberge.

 

Enfin, on arrive à destination. Il pleut, donc on reste un peu dans notre chambre en attendant que ça se calme, histoire de nous remettre de nos émotions.

 

Le soir, la pluie cesse et on peut enfin sortir pour visiter le village. On va manger au Ewa, qui nous sert d’excellents cocktails, gigantesques. Voilà qui finit de nous requinquer. La musique d’ambiance est sympa aussi, on ne peut pas s’empêcher de commencer à chanter. En nous entendant, le patron nous informe que demain soir il fait une soirée DJ qui commence à …. 22 heures ! Incroyable ! Enfin une activité nocturne. On sent qu’on est vraiment arrivées sur la côte caraïbe et que la culture est différente.

Un cocktail bien mérité

Un cocktail bien mérité

Jeudi 22/02/24

 

Le matin on se fait plaisir et on prend le temps de déguster un bon petit déjeuner, sur la tersasse de l’auberge, au soleil , au milieu des fleurs exotiques et avec le chien de la maison qui nous fait plein de câlins. On discute aussi avec Kim, la propriétaire française, qui est très sympa et nous donne plein de bons plans.

C’est vrai que c’est pratique parce que le parc national n’est qu’à 10 minutes de marche. Il n’est pas très grand et plutôt tranquille, avec des sentiers plats qui longent la mer. Ça nous va très bien.

On marche un moment mais le chemin est bloqué devant nous à cause de la montée des eaux. On fait donc demi-tour et on décide d’aller se baigner, puis de se poser un moment devant la mer en mangeant des cacahuètes au caramel. La vie est belle.

 

A la sortie du parc on voit une petite foule amassée sous deux arbres. On s’approche pour voir de quoi il s’agit.

C’est un paresseux qui est accroché à la branche d’un arbre et qui tente de passer sur l’arbre d’à côté. Le pauvre a toutes les peines du monde à attraper la branche qu’il vise. La foule apitoyée essaie de l’aider en lui rapprochant la branche un maximum, mais malgré ses nombreuses tentatives il échoue lamentablement et finit par faire demi-tour et aller s’installer en haut de son arbre pour se remettre de ses efforts physiques.

L'effort est intense ....

L'effort est intense ....

Mais n'a pas payé

Mais n'a pas payé

Vers 13h on prend le bus pour se rendre à Porto Viejo, une des seules villes de la côte qui correspond à l’image que l’on se fait d’une station balnéaire : des bars, de l’animation, des magasins, la fête et les touristes.

On prend un bon déjeuner dans un petit resto local, et on va faire un peu de shopping. Ca fait du bien de faire des activités normales de vacancières pour une fois. En plus on ne pue pas, on n’est pas trempées, c’est une sensation que nous avions presque oubliée.

On va même se faire plaisir avec une dégustation de chocolat local dans un café/magasin un peu chic et bobo tenu par un Canadien.

On se dit cependant qu’il est temps de rentrer car le soir commence à tomber et l’ambiance de la ville change : les drogués se réveillent et sortent de leur tanière, et on sent qu’ils ont envie de faire la fête.

On rentre tranquillement à Cahuita, qui est plus calme.

 

Le soir on cherche un resto, quand on se fait alpaguer par le serveur du Canguro Loco, bar/resto qui propose une happy hour à des prix défiant toute concurrence (5 € les 2 cocktails). D’habitude on ne rentre jamais dans les endroits où le serveur essaie de faire du rabattage, mais là, l’appel du rhum est le plus fort.

On est très agréablement surprises. Le cocktail est très bon, et servi en quantité généreuse. Il y a un guitariste live, une très bonne ambiance, et nos plats sont très bons également.

 

On passe une très bonne soirée, puis on décide en rentrant de passer par le Ewa, pour voir cette histoire de soirée DJ…

C’est en fait le patron qui a installé une platine juste devant l’entrée de son resto, et la musique est vraiment sympa. Il y a un peu de monde dans la rue qui écoute, mais personne ne danse.

Perrine et moi décidons de remédier à ça et nous plantons devant lui pour danser, et on finit par attirer du monde. Quelques jeunes du village nous abordent et essayent d’entamer une conversation, mais on voit bien qu’ils n’ont pas l’habitude (ou alors les touristes les impressionnent) : « Bonjour, tu viens d’où ? » « De France » « OK ». 10 minutes plus tard : « t’as quel âge? »… 5 minutes plus tard : « t’es contente d’être là ? »

 

En tout cas on s’amuse bien, mais vers 23h30 on décide de rentrer à l’auberge. En arrivant, on tombe sur la piscine au milieu de la cour. C’est vrai qu’on avait eu envie de se faire plaisir pour notre dernier hôtel, en en choisissant un avec une petite piscine, mais on s’est rendu compte qu’on n’aurait pas le temps d’en profiter. On a bien eu chaud à force de danser, et là, franchement, elle nous fait de l’œil.

Bon, il y a des règles de vie en communauté assez strictes ici, histoire de ne déranger personne. Par exemple, interdit d’utiliser la cuisine après 21h (ce qui nous arrange bien, vu que notre chambre donne pile dessus). Mais la piscine ? Bah, allez, on n’en sait rien donc on n’a qu’à dire que c’est autorisé. Pas le temps de se changer, et de toute façon il fait nuit et tout le monde dort, donc on se met en sous-vêtements et on plonge dedans. Elle est bien fraîche. On barbote un peu, quand je m’aperçois qu’il y a une caméra pointée droit sur nous… On écourte donc assez rapidement notre baignade, l’eau étant de toute façon assez froide, et on va se coucher en priant pour que personne ne regarde les images.

 

Vendredi 23/02/24

 

Le lendemain matin on a du mal à se lever. On avait prévu de prendre le bus de 7h, mais finalement on décide d’opter pour celui de celui de 9h, comme des branleuses (selon les normes costariciennes).

On va petit-déjeuner et préparer nos sandwichs de ce midi dans la cuisine en disant bonjour à Kim. Elle n’a pas l’air de nous regarder bizarrement, ouf, elle n’a pas dû voir les images. D’autant que quand je sors dans la cour, je vois, derrière la piscine, de grands panneaux que je n’avais pas remarqués, qui listent les règles d’utilisation, et notamment l’interdiction de se baigner après 20h.

La préparation des sandwichs se trouve perturbée par une colonie de fourmis. Des hôtes ont décidé de se faire une salade de fruits, et ont fait couler du jus partout sur le plan de travail, ce qui a dû les attirer. Résultat, pendant que Perrine passe les tranches au grille-pain, elles en profitent pour attaquer le paquet. Résultat, quand j’arrive, les fourmis ont tout envahi et on est obligées de jeter les 3/4 du paquet. On réussit juste à sauver 4 petites tranches, histoire de se faire un mini sandwich chacune.

 

Le but de la journée est d’aller au parc national de Manzanillo. Plusieurs personnes nous en ont parlé. Il paraît qu’il est un peu difficile d’accès et que la rando est assez physique, mais on se dit qu’on en a vu d’autres.

On prend donc le bus de 9 h qui nous amène jusqu’au village de Manzanillo. En descendant, on croise un touriste qui nous dit qu’il a fait la rando hier et qu’il en a bavé. Selon lui, c’est « très technique, il y a de la boue, on glisse, c’est vraiment pas facile ».

Quand on prend nos tickets à l’entrée, la garde forestière nous conseille de « marcher 1 kilomètre, puis de faire 1/2 tour ». Eh bien, ça promet…

 

On démarre donc, remontées à bloc, bien préparées, et les chaussures de rando prêtes à fumer.

A l’entrée, le chemin longe la plage, il est large et très facile. On voit des hordes de touristes en tongs, avec les serviettes de plage et la glacière à la main… Hum, ce n’est n’est pas exactement ce qu’on nous avait vendu.

Mais la plupart des touristes s’arrêtent assez vite pour aller se poser sur l’une des magnifiques plages du parc.

 

Le parc national Manzanillo

Le parc national Manzanillo

On continue et c’est vrai que le chemin devient légèrement plus difficile. A un moment, il y a une grande descente assez pentue et couverte de boue, qui glisse bien. Heureusement, il y a une rampe tout du long, donc on peut s’en sortir sans tomber à condition de tout faire à la force des bras.

 

On arrive enfin à « la cueva », l’endroit où on nous a conseillé de faire 1/2 tour.

Mais ne doutant pas de nos capacités et la curiosité aidant, nous décidons de continuer.

Le chemin se révèle en fait très agréable. Il y a beaucoup moins de monde qu’au début du sentier, et surtout plus du tout le même type de personne : ce sont dorénavant des randonneurs avec chaussures de rando et sac à dos, et plus des vacanciers balnéaires.

Le chemin est un peu boueux et glissant, mais franchement, on commence à avoir de l’expérience dans ce domaine, et là ça nous paraît presque facile.

Au bout de 2h30 de marche, on arrive au bout du parc. Un petit panneau indique la plage de Bite, située en contrebas. On commence à s’engager dans la descente, mais elle est périlleuse, et pour le coup il n’y a pas de rampe où s’accrocher. J’hésite à faire 1/2 tour. Perrine insiste, on n’est pas venues jusque-là pour rien, elle veut voir la plage de Bite. On descend donc lentement, en étant très prudentes, et dans ma tête je me dis que la montée en sens inverse va être sacrément galère.

On arrive enfin à une très jolie plage qui a beaucoup de charme. Je décris les lieux à Perrine, et notamment un petit bateau qui est amarré tout au bout, dans un coin. « Mais c’est super, s’exclame-t-elle, on va lui demander de nous ramener à l’entrée ! » et elle s’élance dans la direction du bateau.

Le jeune matelot nous dit qu’il attend un couple de touristes, mais qu’il serait ravi de nous ramener également. 5 minutes plus tard, les touristes arrivent et on démarre. Quel timing !

La plage de Bite

La plage de Bite

Il nous dépose à la plage située juste avant l’entrée du parc. C’est une belle plage publique, dont le sable blond et noir s’entremêle délicatement. L’eau est juste à la bonne température. On en profite à fond, sachant que c’est notre dernière baignade.

On va ensuite se sécher au soleil, en mangeant nos minis sandwichs qui nous laissent sur notre faim. C’est pas grave, on a repéré un super vendeur d’empanadas à Cahuita, on ira s’en acheter pour le goûter.

 

On prend le bus du retour, qui s’arrête devant chaque plage le long du littoral. C’est très long.

Résultat, quand on arrive à Cahuita il est 16h50. Le vendeur d’empanadas ferme à 17h. On court jusqu’au magasin. On arrive devant à 16h57. Mais il n’y a plus personne, et tout est rangé. Sniff…

Bon, tant pis, vu l’heure, on va attendre le repas du soir.

 

En faisant nos comptes on s’aperçoit qu’il nous manquera un peu de liquide pour la fin du voyage. On décide donc d’aller au seul distributeur du village. Le copain de Kim m’avait prévenu qu’il était très capricieux : « il y a une méthode à connaître : tu insères ta carte, tu la retires aussitôt, et ensuite tu peux la réinsérer et faire ton code » .

On arrive devant le distributeur, il y a 3 personnes devant nous, tous des locaux a priori. Le premier connaît manifestement la méthode. Ca ne marche pas. Il essaie une deuxième fois. Sans succès. Une troisième. Non, Il soupire bruyamment et s’en va.

Deuxième personne : idem.

On s’inquiète un peu. Si on n’a pas de liquide on ne peut pas payer pour demain.

La troisième personne essaie une autre méthode. Pas de bol. Une nouvelle méthode. Nada.

A notre tour. Premier essai : succès ! La chance du débutant. On ne finira pas au poste de police. Une excellente nouvelle.

 

On a prévu de passer la soirée au Reggae Bar. Kim nous a dit que c’était « the place to be » le vendredi soir. Il y a de la musique live, tout le monde danse, il y a une super ambiance paraît-il.

La soirée est censée commencer vers 19h-19h30.

On emprunte le long chemin à la sortie du village et marche 20 minutes avant d’atteindre notre destination. C’est assez isolé.

Quand on arrive, à 19h15, c’est noir de monde, et il n’y a plus une table de libre. Les serveurs débordés courent dans tous les sens. On arrive à en intercepter un et on lui demande s’il y a un endroit où on peut s’asseoir. Il nous dit qu’il faut qu’on attende que quelqu’un parte. Il fait mine de partir, puis, culpabilisant peut-être un peu, trouve une chaise pour Perrine et la fait s’asseoir à côté de l’entrée. Un couple à une table me propose une chaise libre, que j’accepte bien volontiers.

Nous voilà donc toutes les deux assises côte à côte le long du mur, à observer l’activité frénétique du restaurant qui se remplit de plus en plus de minute en minute. Heureusement que tout est ouvert et qu’on est à côté de la plage, ça évite à tout le monde de crever de chaud.

 

Au bout d’un moment, voyant bien que personne ne quittera sa table, et sentant vraiment la faim nous tourmenter, on demande à un serveur s’il est envisageable qu’on mange sur nos genoux. Il est d’accord, donc on lui demande le menu. Il reprend sa course et disparaît de nos radars.

Je finis par choper un autre serveur et à récupérer un menu.

Soudain, je vois des gens quitter les lieux. Je me précipite où ils étaient assis : sur une espère de petite barre en bois, avec devant une planche sur laquelle on devrait arriver à faire tenir nos assiettes. On s’y installe, ce sera mieux que rien.

Mais le couple qui est à la table de 4 juste devant nous dit que les 2 autres places sont libres et nous invitent à les rejoindre.

Au même moment, un serveur vient prendre notre commande. On commande chacune un cocktail et un plat bien copieux, car on meurt de faim à cette heure.

 

Entre-temps, les musiciens sont arrivés et les gens ont commencé à danser. On profite de la musique et on entame la conversation avec nos voisins de table. C’est un couple de Français très sympathiques. On échange nos anecdotes de voyage.

Ne voyant toujours pas notre commande arriver, on relance un serveur. Il nous amène rapidement nos cocktails. Heureusement, on a eu la bonne idée toutes les deux de choisir une boisson à base de lait de coco, donc assez riche. Ça trompe un peu la faim. Nos voisins de table nous disent qu’ils ont commandé leur plat il y a une heure et demie et qu’ils n’ont toujours pas été servis. On a comme un mauvais pressentiment.

On décide ensuite d’aller danser sur la piste. L’ambiance est survoltée et tout le monde est en surchauffe.

Après s’être bien dépensées, on retourne s’asseoir. Le couple de Français commence à s’énerver de n’être toujours pas servis. Nous, on s’est fait une raison. On finit nos énormes verres de cocktail pour étancher la soif et tromper la faim.

Les Français en ont marre et partent en disant qu’ils vont chercher à manger ailleurs. Ca nous fait bien rire, il est plus de 22 heures, plus rien n’est ouvert à cette heure. On se dit que nous, on mangera du pain et du fromage qu’il nous reste au frigo quand on rentrera à l’hôtel.

 

On est bourrées.

 

Après un moment, on décide également qu’il est temps de rentrer. Impossible de croiser un serveur, ils ont dû décider qu’ils en avaient assez fait pour la soirée et sont partis danser avec les clients. Je m’interroge sur comment payer les cocktails. Perrine me rappelle qu’on pourra toujours les payer le jour où ils nous ramèneront les plats qu’on leur a commandés depuis des heures. Elle a bien raison.

On sort en titubant et on décide d’aller en face sur la plage voir l’océan. Il est très beau de nuit éclairé par la lune, ou plutôt par les lunes vu que je vois tout en double.

Le Reggae Bar, vu depuis la plage (la photo est bizarrement floue...)

Le Reggae Bar, vu depuis la plage (la photo est bizarrement floue...)

Nous deux devant la mer

Nous deux devant la mer

On rentre et bizarrement le trajet paraît beaucoup plus court qu’à l’aller. On réussit miraculeusement à retrouver l’hôtel.

Une fois arrivées, on s’écroule sur le lit, n’ayant plus la force de se faire des tartines.

 

 

Samedi 24/02/24 et fin du voyage

 

On a heureusement eu la présence d’esprit de mettre le réveil à 6h30 hier soir, vu qu’on n’avait toujours pas fait nos sacs.

Perrine se bat pour faire rentrer ses 5 paquets de café dans le sien.

On est assez fatiguées mais les effets de l’alcool se dissipent heureusement assez vite.

 

Le trajet de Cahuita à San José prend normalement seulement 3h30, mais évidemment ce week-end ils font des travaux sur la route principale donc il faut faire un long détour et ça prend pas moins de 1h30 de plus. On prend notre mal en patience.

 

Arrivées dans la capitale il faut trouver la gare routière d’où nous pourrons prendre le bus pour Alajuela, où nous passerons la nuit. Il faut marcher 25 minutes d’après Google.

La ville n’est pas accueillante du tout. Déjà, dès la sortie du bus on est alpaguées de toutes parts. Les habitants nous disent tout de suite qu’il est impensable de regarder notre trajet sur le téléphone, si on le tient à la main on nous l’arrachera à coup sûr. On mémorise donc le trajet, et on s’arrête de temps en temps pour vérifier avec Perrine qui fait bouclier humain et empêche l’accès au téléphone.

La rue est pleine de drogués, de SDF, il fait une chaleur étouffante, la circulation est continue et le bruit assourdissant. En plus Google nous a donné une mauvaise adresse. On fait donc demi-tour et on finit par trouver notre bus, dans lequel on monte en passant devant tout le monde (c’est un bus local, il y a une foule qui veut monter dedans) parce que le chauffeur a repéré Perrine et l’a fait passer en priorité. On a donc la chance d’avoir une place assise, mais il n’y a pas de place pour nos bagages, donc on passe les 45 minutes de trajet écrasées sous les sacs à dos qu’on a mis sur les genoux.

 

Arrivées à Alajuela, l’ambiance est plus tranquille, ça fait du bien. On se félicite d’avoir choisi cette ville, juste à côté de l’aéroport, plutôt que San José, pour notre dernière nuit.

On va faire quelques achats de bouteilles de rhum, puis on se trouve un petit resto bien sympa pour notre dernier soir.

Il est très bon mais ils ne servent pas de batido, et on ne veut pas quitter le pays sans en prendre un dernier.

On se rend donc dans le petit bar/resto local à côté de notre auberge pour en commander. C’est un petit spot très populaire et très sympa. Il y a encore du monde, et plein de familles avec de jeunes enfants, qui mangent à 21 heures 30 passées. On avait perdu l’habitude.

 

Le lendemain matin on se lève tôt pour aller prendre notre avion.

Le premier trajet est pas terrible, mais ça on le savait déjà. C’est pas grave, on sait que le 2ème est meilleur (couvertures, fioles de Bailey’s…). On fait escale à Montréal où on a à peine le temps de déjeuner sur le pouce, puis on monte dans le second avion. Et là, c’est le drame.

Le commandant de bord a décidé de mettre la clim à fond et l’équipage ne veut rien entendre quand on lui dit qu’on meurt de froid. La pauvre petite couverture qu’on nous a donnée ne suffit absolument pas à combattre le froid glacial. Au fur et à mesure que le temps passe, on voit les passagers remettre leur doudoune, leur capuche, leurs gants, puis on les entend tousser, éternuer, se moucher…. On va finir par être responsables de la prochaine pandémie.

Le pire c’est pour Perrine. Elle voulait voyager avec ses chaussures de rando, parce qu’elles sont plus confortables. Mais elles étaient aussi dégueulasses. Elle a donc eu la bonne idée de les laver quand on était encore à Cahuita. Malgré le fait de les avoir portées accrochées à son sac pendant tout le trajet, elles n’ont pas pu sécher correctement. L’air glacial sur les chaussures mouillées est donc particulièrement désagréable.

Je regrette d’autant moins d’avoir joué la facilité (à défaut du style) et de porter mes sandales avec des chaussettes.

On arrive enfin à Francfort, gelées. Ici il fait froid et il pleut.

Finalement, c’est dans le bus pour Strasbourg Flixbus que l’on fait le trajet le plus confortable. On arrive même à somnoler un peu.

Tant mieux, parce qu’on arrive lundi midi, et que j’enchaîne l’après-midi au travail !

On rentre donc totalement épuisées du Pays Aux Chaussures Mouillées, mais ravies de notre expérience.

Publicité
Publicité
8 avril 2024

Costa Rica - partie 1

Samedi 10/02/24

 

Nous devons partir très tôt le matin du samedi 10 février, aussi est-il prévu que Perrine arrive chez moi le vendredi soir après le boulot et dorme sur place, puisque j’habite à 10 minutes à pied de l’arrêt de bus pour l’aéroport.

On devait donc passer une petite soirée tranquille, histoire d’être en forme pour le voyage.

Perrine met cependant du temps à arriver… 19h, 20h, 21h…. Elle débarque à 22h essoufflée et les cheveux en pagaille, les fruits qu’elle a prévus pour le voyage en vrac dans ses bras : son sac a craqué et les pommes ont roulé partout sur le trottoir, et elle a loupé le tram.

 

Le temps qu’elle se remette de ses émotions et qu’elle prenne une douche, on va se coucher vers 23h, ignorant que la courte nuit qui découle de sa mésaventure était l’annonciatrice d’une longue série tout au long du voyage.

 

4 heures du matin, on se réveille, crevées, et on se traîne jusqu’au bus Lufthansa.

On arrive à l’aéroport de Francfort très en avance et on attend des plombes l’affichage du vol en se languissant de notre lit.

Notre premier vol, Francfort-Toronto, est cependant très agréable avec des sièges très confortables et des petites fioles de vin et de Bailey’s mises gratuitement à notre disposition…

Arrivées à l’aéroport de Toronto on a un peu d’attente alors on part à la chasse au sirop d’érable. On voit une pancarte pour un « Toronto Maple Leaf Lounge » donc on va tenter notre chance en espérant pouvoir profiter d’une fontaine à sirop d’érable (comme les fontaines à chocolat) mais la dame de l’accueil nous arrête : on n’est pas des VIP, on n’a pas le droit d’entrer. De toute façon, elle nous dit qu’il n’y a pas de fontaine à sirop d’érable donc on n’a rien loupé vu qu’ils n’ont même pas pensé à développer ce concept qui nous semble pourtant prometteur. Il faudra qu’on pense à déposer le brevet.

 

On fait la queue pendant 2 heures pour accéder à l’embarquement de notre prochain vol, qui se révèle tout pourri : pas de couverture ni de coussin à disposition, une bouffe dégueulasse, et même pas de fiole de Bailey’s. Du coup les 5 heures de vol nous paraissent longues.

 

Enfin arrivées à San José, on avait commandé un taxi parce qu’il est tard et qu’on ne voulait pas marcher dans les rues de cette ville de nuit. Le taxi doit attendre 1 heure après l’atterrissage de l’avion pour nous récupérer.

L’attente pour récupérer la valise puis passer le contrôle s’éternise et le taxi s’impatiente : il échange des sms avec nous pour nous dire qu’il va partir si on ne paie pas un surplus. On paie pour ½ heure de plus, mais la file n’avance pas, ce qui nous stresse bien. On finit par sortir et on se précipite à la sortie pour choper le taxi à la dernière minute du surplus.

 

On arrive à l’hôtel épuisées du manque de sommeil, du voyage et du stress et on s’écroule sur le lit en s’endormant aussitôt.

 

Dimanche 11/02/24

 

On se réveille après seulement quelques heures de sommeil, mais on est toutes fraîches et impatientes de découvrir le pays.

On se rend à la gare routière où Perrine prend un café (beaucoup trop cher) et on prend le bus direction Sierpe, dans le sud-ouest du pays. Le trajet se passe bien.

Sur place, on prend un bateau pour Bahia Drake, notre destination. C’est en effet le seul moyen pour atteindre le village.

A l’arrivée, il n’y a pas d’embarcadère. Je saute les pieds dans l’eau avec les autres passagers, tandis que Perrine se fait porter comme une princesse (ou un sac de pommes de terre) par un des marins jusqu’au rivage.

 

Nous nous installons dans notre auberge, où nous partageons un petit bungalow sur pilotis.

Le balcon donne sur de grands arbres (et la forêt vierge derrière) où nous apercevons des toucans à la tombée du soir. Notre premier contact avec la faune locale !

Il est 19h, et nous décidons de descendre au village, à 15 minutes de marche, pour aller prendre notre dîner (les costariciens mangent tôt). Il fait nuit noire et le site de l’hôtel n’est pas éclairé. On sort donc avec notre lampe de poche. Le propriétaire nous a dit que pour rejoindre le village, le plus simple est de « prendre à gauche en sortant du bungalow, puis monter les escaliers, et l’on arrive sur la route principale qu’il suffit de suivre pour arriver au village ».

Je décide donc de suivre ce chemin, Perrine sur mes talons. Au bout d’un moment, nous enfonçant toujours plus loin dans la végétation et ne trouvant pas la route du village, on finit par s’interroger. Serait-on déjà perdues ? Nous réalisons alors que nous avons choisi de sortir dans la jungle tropicale, de nuit, en petite robe d’été et sandalettes, et commençons à suspecter que ce n’était pas une bonne idée.

On finit par arriver au pied d’un autre bungalow, où un jeune couple est assis sur le balcon. Ils nous interpellent, voyant bien qu’on est perdues vu qu’on n’a rien à faire ici. Le mec nous propose alors gentiment de nous amener jusqu’au bon chemin, en nous disant que lui aussi s’est perdu le premier jour, et que c’est bien entendu encore pire de nuit. C’est un néo-zélandais très sympathique, qui nous ramène vite sur la bonne route. Sur le chemin, nous ne croisons que 2 animaux : un gros crapaud qui nous saute quasiment sur les pieds, et un petit caniche blanc aux oreilles teintes en rose, qui sort en courant de la maison d’un villageois pour nous faire des câlins.

On s’en sort donc plutôt bien.

On trouve un restau sympa où on goûte notre premier batido (boisson typique à base de fruit mixé soit avec de l’eau, soit avec du lait), ainsi qu’un délicieux ceviche.

 

Notre premier repas costaricien

Notre premier repas costaricien

Lundi 12/02/24

 

Nous nous réveillons très tôt pour être à 6 heures au lieu de rdv pour notre sortie de la journée, une excursion en snorkeling sur isla del cano, une petite île sauvage située à 20 km au large de Bahia Drake.

On prend les petits bateaux habituels, qui foncent à toute vitesse, ce qui a l’avantage de nous éviter le mal de mer.

Sur le trajet, on croise nos premiers dauphins.

Perrine avait demandé si elle pouvait rester sur l’île, dans la mesure où le snorkeling n’a évidemment aucun intérêt pour elle, mais l’accompagnateur la convainc de faire la première sortie avec lui, en nageant à ses côtés.

Du coup pour elle ce n’est pas terrible, elle se sent limitée dans ses mouvements et ne peut pas profiter de la mer.

En revanche de mon côté je vois quelques beaux poissons.

On débarque ensuite sur l’île, où l’on grimpe à un joli point de vue. Perrine reste sur la plage tandis que nous repartons pour un 2ème spot de snorkeling. Là, je croise un petit requin pointe blanche, et pas moins de 5 grosses tortues qui nagent à nos côtés.

La vue depuis isla del cano

La vue depuis isla del cano

On rentre ensuite sur Bahia Drake, où les organisateurs nous conduisent à un hôtel-restaurant, pour nous servir le déjeuner qui est compris dans notre excursion.

On nous sert un excellent casado (plat national composé de riz, de haricots rouges, de banane plantain, accompagnés de poulet ou de poisson). Perrine, qui adore les bananes plantain, est aux anges.

Tout le monde repart ensuite, mais Perrine a l’excellente idée de demander à la serveuse si on peut profiter de la piscine du patio de l’hôtel où aucun client ne nage. Elle nous dit qu’il n’y a pas de problème, et on passe donc l’après-midi à barboter, puis, pour Perrine, à essayer les hamacs au milieu des fleurs exotiques du jardin.

 

On finit par rentrer à l’hôtel et on va discuter avec le gérant pour l’organisation de notre excursion au Corcovado. Le Corcovado est un parc naturel réputé et très sauvage situé à proximité de Bahia Drake, et la raison principale de notre présence ici.

On n’a pas le droit d’y aller seul, il faut obligatoirement prendre une excursion avec un guide. On avait donc prévenu l’hôtel que nous voulions y aller le mardi 13, puisqu’ils proposent également de se charger de l’organisation de l’excursion. Or, le propriétaire nous a informé hier qu’il n’avait pas relayé l’information et qu’il allait s’en charger maintenant.

Aujourd’hui, il vient nous voir, un peu penaud, en nous disant qu’il n’a pas pu faire la réservation pour demain, car tout est plein depuis plusieurs jours et le nombre limite d’entrées dans le parc est atteint.

Perrine et moi sommes dégoûtées et le lui faisons savoir. On le fait culpabiliser tant et si bien, qu’il nous dit qu’il va tenter de voir s’il peut organiser une excursion dans une autre zone du parc, moins connue, mais qu’il a peu d’espoir. Il nous quitte en nous disant qu’il va tenter de joindre ses différents contacts.

Frustrées, on se venge sur un paquet de chips de banane plantain, tout en observant iguane, agoutis et perroquets depuis le balcon.

 

Le gérant finit par revenir nous voir en nous disant que pour demain c’est mort, mais qu’il y a de la place pour après-demain, sur la 2ème partie du parc.

Ca ne nous arrange pas du tout car après-demain nous avons prévu le trajet retour jusqu’à notre prochaine étape, et nous savons qu’il sera long et compliqué. Mais tant pis, on fera tout dans la même journée, on se débrouillera.

Reste à définir notre emploi du temps de demain : il y a peu de choses à faire dans ce village isolé, et nous n’avons pas envie de passer la journée sur la plage de celui-ci, qui sert aussi de port (puisqu’il n’y a pas d’embarcadère), et n’est pas plus jolie que cela.

On passe donc la soirée à chercher sur internet comment on pourrait s’occuper demain, quand Perrine tombe sur le blog d’un couple de Français qui témoignent d’une randonnée que l’on peut faire au départ du village, avec un petit chemin dans la jungle qui longe plus ou moins la mer et permet d’arriver à la magnifique plage de San Josecito en environ 3 heures.

 

On en parle au gérant de l’hôtel qui nous indique que c’est effectivement une chouette balade à faire, qu’il y a des bateaux à San Josecito qui pourront ensuite nous ramener au village, mais qu’il faut faire attention car ils partent tous à 13h au plus tard.

Il nous dit aussi que la balade dure plutôt 5 heures, mais on se dit qu’on est de bonnes marcheuses et qu’on y arrivera bien en 3 heures.

 

Mardi 13/02/24

 

On se réveille tranquillement et on va manger à l’excellent Coco Café vers 8h30 en se disant qu’on est larges pour notre emploi du temps de la journée.

 

On débute notre rando sans stress, en passant par de jolis ponts suspendus, en admirant la végétation dense et en prenant régulièrement de petits chemins de traverse qui nous permettent de rejoindre de petites plages sympathiques, dont une avec une balançoire face à la mer qui nous plaît beaucoup.

Le début de la balade

Le début de la balade

La plage à balançoire

La plage à balançoire

Arrive cependant un moment où on se rend bien compte qu’on n’arrivera jamais à faire la balade en 3 heures et à arriver à San Josecito avant 13h.

On se dit qu’on s’arrêtera donc à la prochaine plage et qu’on cherchera un moyen de rentrer à partir de cet endroit.

Évidemment, à partir de ce moment-là, plus aucun chemin ne nous permet de descendre vers une plage.

Au contraire, le sol devient de plus en plus accidenté et la randonnée commence sérieusement à devenir difficile. On commence à se demander si on est sur la bonne route. A un moment, il n’est quasiment plus possible d’avancer. On essaie un chemin qui monte sur la colline, mais on s’enfonce vraiment dans la jungle et on doit renoncer. Je vois alors un chemin très escarpé qui descend côté mer. Le chemin est dangereux, aussi je propose à Perrine de rester en haut pendant que je vais voir ce qu’il y a en bas.

 

Évidemment, dès que je suis un peu descendue et que je l’ai perdue de vue, j’entends un grand cri d’animal sauvage et Perrine qui s’exclame : « il y a un animal à côté de moi ! Je ne sais pas ce qu’il me veut ! ». Je remonte aussitôt mais l’animal a déguerpi (on réalisera plus tard, à force d’entendre les différents animaux dans la jungle et d’apprendre à reconnaître leur cri, que c’est un ara qui a décidé de lui faire une farce en volant au-dessus d’elle tout en criant de toutes ses forces…).

Je redescends donc sur le petit chemin et me retrouve rapidement en bas, avec un grand cours d’eau qui bloque la route. C’est vrai, nous avions lu sur le blog qu’à un moment il fallait traverser le Rio Claro, mais là c’est impossible à faire à pied, il y a beaucoup trop d’eau.

Heureusement il y a une petite pancarte qui indique « pour traverser en bateau, sonner la cloche », à côté d’une petite cloche. Je la fais donc sonner, et au bout d’un moment un gars apparaît de l’autre côté du rivage, où 2-3 baraques sont positionnées. Il me fait comprendre à grand renfort de mouvements des bras (on est trop loin pour bien se comprendre) qu’il faut que je fasse demi-tour, que je longe une plage, et que j’arrive sur le côté où le rio Claro est beaucoup moins large.

 

Je remonte donc, et nous faisons demi-tour en essayant de trouver la plage en question. Inutile de dire que 13 heures est déjà passé depuis longtemps (et ici, la nuit tombe à 17h). C’est pas grave, on trouvera bien un moyen de rentrer.

 

On arrive finalement à trouver le chemin et effectivement, en suivant le banc de sable, on retombe sur le Rio Claro qui cette fois peut facilement se franchir à pieds. En face on retrouve le mec de la cloche et on lui demande s’il a un bateau pour nous ramener au village. Non, malheureusement il n’a rien, nous dit-il. Il nous confirme aussi qu’à cette heure-ci, plus aucun bateau n’est amarré à San Josecito.

Sur ce, débarque de nulle part un type qui s’incruste dans la conversation : « San Josecito ? vous voulez aller à San Josecito les filles ? » - « heu.. oui ! » - « Super ! Je bosse dans le coin, je peux vous y amener ! » et il part en direction d’un petit chemin dans la jungle.

On se précipite derrière lui.

C’est un Canadien un peu baba cool qui se balade en Amérique Centrale et bosse dans les hôtels par-ci par-là, en jouant de la musique. Je remarque qu’il est pieds nus. « Oui, me dit-il, c’est pour mieux sentir la connexion avec la terre » - « D’accord, mais c’est pas un peu dangereux de marcher pieds nus dans la jungle ? » - « Ah oui, je ne m’étais jamais posé la question. Maintenant que tu le dis, c’est vrai qu’il y a plein d’animaux venimeux par terre… ».

La conversation continue pendant qu’on progresse vers notre but.

Au détour d’un chemin, on aperçoit la plage. C’est vrai qu’elle est magnifique, c’est une plage déserte, il n’y a absolument rien. Mais… en avançant, on aperçoit un petit bateau à moteur qui est en train de s’éloigner…. Le Canadien se précipite vers lui en hurlant et en faisant de grands gestes. Miracle, le mec du bateau le voit et commence à faire demi-tour. Le Canadien nous crie de venir pour choper le bateau. Je montre à Perrine la direction vers laquelle courir pendant que je m’arrête pour faire une photo, parce que quand même, cette plage, c’était le but de toute cette aventure, je ne vais pas partir sans l’immortaliser.

La plage de San Josecito

La plage de San Josecito

Puis je me précipite vers le bateau qui est revenu vers la plage. Évidemment, il n’y a pas d’embarcadère, il faut aller dans l’eau jusqu’à la taille pour monter dans le bateau, et il y a de grosses vagues. J’y arrive tant bien que mal. Perrine se fait aider par le Canadien, et par le mec de la cloche, qui apparaît tout d’un coup comme par magie.

Enfin, on est sur le bateau, nos chaussures de rando trempées, vu qu’on n’a pas eu le temps de les retirer.

Sur le bateau retour

Sur le bateau retour

On débarque à Bahia Drake, encore une fois les pieds dans l’eau (foutu pour foutu…). On passe la fin d’après-midi à se baigner sur la plage du village, vu qu’on n’a pas eu l’occasion de le faire à San Josecito…

 

On rentre enfin à l’hôtel. On n’a jamais été aussi sales de notre vie : on est couvertes de sel, d’eau, de sable, de transpiration et de boue.

On nettoie nos chaussures de marche tant bien que mal. On est obligées d’y aller à grande eau car elles sont dans un état pitoyable. N’ayant pas de papier journal pour mettre dedans pendant que ça sèche, on essaie avec du papier toilette. Il ne fait que se dissoudre sous l’humidité, et maintenant, on a des chaussures toujours pas très propres, trempées, et couvertes de bouts de PQ. On se fait une raison.

 

Mercredi 14/02/24

 

Aujourd’hui c’est la Saint Valentin, et on aurait pu dire : « Galères, je vous aime ».

 

On se réveille aux aurores comme d’habitude dans ce pays, et on prend le taxi à 5h40 pour arriver au point de ralliement de l’excursion au Corcovado. Il y a pas mal de monde sur place et on poireaute un moment, dans nos baskets trempées (rien n’a séché dans la nuit – en même temps vu le taux d’humidité de 94% ici, c’est pas étonnant) et nos chaussettes qui se retrouvent très vite mouillées elles aussi.

On prend le bateau pour une heure de trajet avant d’arriver à l’entrée du parc. On débarque les pieds dans l’eau, comme d’habitude (sauf que cette fois on a pu enlever nos chaussures).

L’excursion est très chouette : on apprend plein de choses sur la faune et la flore, on voit pas mal d’animaux. Un des guides est particulièrement impliqué auprès de Perrine, qui lui rappelle sa grand-mère aveugle.

 

Ara vu à travers le téléobjectif du guide

Ara vu à travers le téléobjectif du guide

Perrine et le guide

Perrine et le guide

En revanche il fait très chaud et humide, donc on est rapidement trempées de transpiration.

Le midi un pique-nique est offert à la base des gardes forestiers, on en profite car on meurt de faim. Ensuite c’est détente en attendant le bateau retour. Perrine fait une sieste sur l’herbe, juste devant un étang où une pancarte indique de faire attention parce qu’il y a des crocodiles. Après réflexion, j’aurais peut-être dû la prévenir… mais bon, elle dort si bien…

 

On prend enfin le bateau retour pour rentrer à Bahia Drake. Il est 13h30 et commence alors notre 2ème journée, celle où on cherche à rejoindre notre prochaine étape, Quepos.

On se rend à l’office qui a géré notre excursion pour demander à la responsable comment on peut organiser le reste de notre trajet, et elle nous réserve un bateau pour rentrer à Sierpe en nous disant bien d’être à la plage à 14h30 pour le choper. On la remercie, tout en salopant le sol de son bureau à cause de nos chaussures dégueulasses (on a marché dans la boue et le sable au Corcovado – sans compter qu’elles sont évidemment toujours mouillées).

Elle nous autorise à rester dans les locaux de son hôtel restaurant. On passe donc aux toilettes dont on crade également le sol. Perrine se lave les pieds dans le lavabo. On est vraiment des pouilleuses.

On s’installe à une table et on papote avec des touristes qui étaient avec nous à l’excursion, quand la fille de l’office vient nous voir en courant à 14h10 pour nous dire que le bateau est là et qu’il faut qu’on se dépêche.

On prend nos affaires en 4ème vitesse et on se précipite sur la plage.

Le trajet se passe bien. Arrivées à Sierpe, un collectivo (sorte de taxi collectif) a été prévenu et nous attend pour nous amener à notre prochaine étape, Palmar Norte. A notre arrivée, le chauffeur s’arrête devant la gare routière et nous propose de nous aider à acheter nos billets de bus pour Quepos. Il nous dit qu’on pourra prendre le bus de 16h30, ce qui est pas mal, vu que le trajet prend plus de 2 heures.

Malheureusement, il revient nous voir pour nous dire que le bus de 16h30 ne circule pas aujourd’hui, et qu’il faut patienter jusqu’à celui de 18h30. Il nous conseille d’attendre dans le café snack qui est en face de la gare routière, vu qu’il y a du wifi et qu’on peut attendre en buvant un verre.

On va donc s’y installer et on profite du temps libre pour organiser la suite de notre voyage.

 

Vers 18h, on se dit qu’on arrivera trop tard à Quepos pour aller manger au restau, vu qu’ils ferment toujours très tôt. On envisage donc d’acheter un petit truc à emporter pour le bus.

On va naïvement demander à la serveuse ce qu’on peut prendre à emporter pour le trajet. Elle nous répond « toute la carte ». Cela aurait dû nous mettre la puce à l’oreille, vu qu’il y a des trucs du style spaghettis carbonara à la carte… mais on décide d’ignorer cet avertissement et de commander ce qui nous semble facile à emporter. Je prends un burrito (sorte de gros wrap à la viande hachée), et Perrine décide de tester la quesadilla (la même chose, sauf que c’est présenté sous forme de galette plate).

On attend la commande, et peu avant notre départ pour la gare routière, la serveuse vient nous ramener 2 grandes boîtes de polystyrène. Étonnées, on regarde ce qu’il y a dedans, et là, surprise : salade, frites, et burrito et quesadilla recouverts de sauce qui dégouline bien…. On n’a pas le temps de philosopher, on traverse la rue pour aller choper notre bus.

Quand même, pendant qu’on attend, Perrine a un doute : est-ce qu’on a des couverts ? Je vérifie : non, on n’a rien !

Je retraverse la rue pour en demander à la serveuse, qui me regarde avec des yeux ronds comme si je lui demandais la lune. Elle fouille partout, ce n’est visiblement pas dans leur culture de fournir les couverts pour manger des plats à emporter. Elle finit par trouver 2 cuillères en plastique, qu’elle me tend avec un grand sourire satisfait.

Je retourne dépitée à l’arrêt de bus.

Il y a des mecs chelous qui traînent par là et Perrine et moi nous mettons sur la défensive, en vérifiant qu’ils ne touchent pas à nos affaires. Quand le bus arrive, on stoppe net l’un d’entre eux qui veut porter nos sacs jusqu’à la soute… avant de s’apercevoir qu’il s’agit en fait de l’assistant du chauffeur. Oups !

On demande au chauffeur si le bus s’arrête bien à la gare routière de Quepos, au centre-ville. Il nous répond sur un ton très désagréable que pas du tout, il n’entre pas en ville, et s’arrête au niveau de l’hôpital. Quand on lui demande comment on pourra ensuite rejoindre notre hôtel, il nous répond sèchement qu’il nous suffira de prendre un taxi.

 

On monte dans le bus sans un mot. On s’aperçoit que nos places sont juste derrière le chauffeur. Zut, ça va pas être pratique pour manger discrètement…

Le bus démarre et au bout d’un moment on commence à avoir faim. Perrine demande au chauffeur si on le droit de manger, et il répond par un « oui ! » bref et définitif.

On commence donc à sortir notre repas. Comme on est placées juste derrière le chauffeur, on a les seuls sièges qui n’ont pas de tablette devant, et on est obligées de poser nos boîtes en polystyrène sur nos genoux, en équilibre instable vu la vitesse à laquelle il roule et ses embardées régulières.

Dès qu’on ouvre les boîtes, une odeur de frite se répand dans le bus et on se dit que les autres passagers doivent nous maudire, d’autant que l’odeur se mêle à celle de notre transpiration de ce matin. On essaie de manger notre salade tant bien que mal à la cuillère, on choppe les frites à la main, et on essaie de ne pas trop se mettre de sauce partout.

Perrine prend sa quesadilla à la main quand soudain le chauffeur donne un énorme coup de frein. La galette manque de lui glisser des mains et de faire un vol plané directement sur la tête du chauffeur, s’étalant comme une crêpe sur son crâne chauve en faisant dégouliner la sauce sur son visage.

Cette image finit de nous achever et, n’y tenant plus, on part dans un énorme fou rire face au ridicule de la situation.

Les autres passagers nous regardent bizarrement, et le chauffeur nous lance des coups d’œil assassins depuis son rétroviseur. On s’en fiche, on n’en peut plus de rigoler.

Enfin, on arrive à terminer notre repas en s’en foutant partout mais sans rien faire tomber dans le véhicule.

10 minutes plus tard, le chauffeur s’arrête à une aire de repos avec une grande cafétéria, plein de tables à disposition, et nous annonce 20 minutes de pause pour que tout le monde puisse manger…

On se venge en allant acheter des paquets de chips de banane plantain (qu’on garde toujours sur nous comme ration de secours).

 

Le reste du trajet se déroule sans encombre, on arrive même à somnoler un peu par moment, ce qui nous fait du bien vu qu’on s’est levées à 5 heures du matin et qu’on est totalement HS.

On arrive à Quepos et le chauffeur nous fait signe qu’il faut sortir (à son grand soulagement je suppose). On s’aperçoit en descendant qu’on est au beau milieu d’une nationale et qu’il n’y a rien autour.

On demande à un passager descendu en même temps que nous comment on fait pour rejoindre le centre-ville (après avoir vérifié sur notre portable, il faut près de ¾ d’heure à pied). Il nous dit qu’on n’a qu’à prendre un taxi et nous dirige vers une voiture garée à la station essence d’en face. On est un peu étonnée parce que le véhicule ne comporte aucune indication, mais bon. On demande au chauffeur confirmation du prix, il nous annonce 3000 colones. On n’est pas d’accord, on nous a dit que ce serait 1000. Il répond que pour 1000 il ne le fait pas et part avec sa voiture, nous laissant en plan. La station est pleine de mecs louches.

On demande de l’aide à un des employés, qui nous dit qu’il suffit de prendre un taxi, en désignant la voiture d’un type en train de faire son plein. On comprend alors qu’ici, « taxi » signifie mec quelconque qui accepte de faire le trajet.

Le type qui fait son plein n’a pas l’air intéressé et se barre avant même qu’on ait eu le temps de lui demander quoi que ce soit.

On est un peu démunies, d’autant qu’il n’y a que des hommes, et qu’ils ont tous une tête qui ne nous revient pas.

Enfin, on se fait héler par un jeune qui nous dit qu’il veut bien nous amener en ville pour 2000 colones. Il a l’air plutôt gentil, mais vu la situation, on active quand même le mode guerrière : je fais une photo de la plaque d’immatriculation pour pouvoir l’envoyer à l’hôtelier afin qu’il puisse réagir si on n’arrive pas dans le 1/4 d’heure. De son côté, Perrine met en marche Google Maps pour suivre le trajet en direct et vérifier qu’on va dans la bonne direction.

Tout cela a l’air de bien faire rire notre chauffeur, qui nous amène à destination sans encombre.

 

On découvre notre appartement, qui se trouve au fond d’une cour privée dans laquelle de grands fils à linge ont été installés. C’est parfait, on peut y suspendre nos affaires puantes pour qu’elles sèchent avant de les glisser dans notre sac à linge sale, en espérant que personne ne nous voie faire.

 

Puis on va se coucher, épuisées.

 

Jeudi 15/02/24

 

On se lève à 6 heures du matin pour aller visiter le parc Manuel Antonio grâce au petit bus local qui nous amène sur place en une demi-heure.

C’est le parc le plus touristique du pays et on a choisi de le visiter sans guide.

Quand on arrive sur place, à l’ouverture à 7h, il y a déjà beaucoup trop de monde.

On décide donc de passer devant tous les groupes qui avancent lentement le long des sentiers (tout est très aménagé ici, avec de grandes allées sur les chemins principaux) pour voir tous les animaux cachés dans les arbres, et on fonce tout de suite vers le fond du parc, où se trouvent des plages très réputées.

On arrive sur la plage principale, magnifique, et c’est merveilleux car nous sommes quasiment seules sur place.

On décide de prendre une photo pour immortaliser le moment, en s’asseyant sur un tronc d’arbre au milieu du sable. Tout occupées à choisir le bon angle pour le selfie, on ne voit pas arriver la grosse vague… qui monte jusqu’à nos chevilles et trempe à nouveau nos chaussures de rando qui avaient légèrement commencé à sécher la veille.

Quelques secondes avant le drame

Quelques secondes avant le drame

Foutu pour foutu, et trempées pour trempées, on décide de se mettre en maillot de bain et de plonger dans la mer. L’eau est merveilleusement chaude, le sable charrié par les vagues est doré, rendant l’eau toute scintillante, bref c’est le paradis.

 

On finit par sortir de l’eau parce qu’on a encore plein de choses à faire, on joue avec les Bernard l’Hermite sur la plage en attendant de sécher, puis on remet nos chaussettes et nos chaussures dégueu pour repartir sur les chemins.

De toute façon, les touristes commencent à arriver, l’endroit commence à devenir moins paradisiaque. Il paraît que l’après-midi, cette plage devient noire de monde.

 

On déambule ensuite sur les sentiers du parc. On se colle règulièrment à des groupes, car dès qu'on les voit à l'arrêt on sait qu'il y a un animal à apercevoir. Les guides sont toujours sympas et nous montrent où regarder (pas toujours facile de les repérer au milieu des feuillages). On voit ainsi plein de types de singes, des iguanes, des oiseaux, etc.

Un iguane

Un iguane

Quand on sort du parc il est largement l'heure d'aller déjeuner. On a réservé dans un hôtel grâce à un bon plan trouvé sur internet : quelqu'un disait son blog qu'il y avait un hôtel de luxe tout près du parc, qui acceptait les personnes de l'extérieur pour le déjeuner, et qu'on pouvait ainsi profiter de leur cadre de luxe et de leur plage privée pour le simple prix d'un repas basique. On avait envie de se faire plaisir donc on avait réservé là bas.

Le seul souci est que la personne du blog avait une voiture, et pas nous. Or, sur Google Maps, cela semble difficile d'accès à pieds. Mais nous avons posé la question en réservant, et la personne nous a dit que cela ne posait pas de problème, il suffisait de longer la plage publique pendant 20 minutes, et on y arrive.

 

Je m'inquiète un peu quand même parce que au bout de la plage, je ne vois qu'une montagne qui plonge dans la mer, et si je regarde Maps (qui fonctionne très mal au Costa Rica, proposant uniquement des plans mais pas d'itinéraire), il ne semble pas y avoir de chemin qui contourne la montagne et permet d'arriver de l'autre côté, sur la plage de l'hôtel.

 

Mais on a confiance et on avance, sous le soleil de plomb. Il fait très chaud et on a déjà beaucoup transpiré toute la matinée, sans compter le sable et la boue sur nos chaussures mouillées.

On arrive au bout de la plage, et effectivement, il y a un mur devant nous. On essaie de voir si on trouve un chemin sur le côté et on tombe sur un type qui fait du tai-chi sous des arbres. C'est un genre de surfeur super musclé, tatoué, aux cheveux longs, beau gosse et il le sait.

Il nous accueille avec des airs de vieux sage qui va nous apprendre le sens de la vie.

Je lui demande comment rejoindre l'hôtel et il me dit « ne t'en fais pas, il suffit d'escalader les rochers là-bas, c'est derrière, pas de souci ». Je lui montre Perrine et lui demande s'il est sûr que c'est faisable pour nous. Il lui pose la main sur l'épaule et déclare « Ah , je n'avais pas vu ta canne, mais ne t'en fais pas, tu peux le faire, ce sera un challenge pour toi, une nouvelle expérience... ».

On le remercie et se dirige vers les rochers pendant que Perrine marmonne qu'elle en a déjà bien assez, des challenges, dans sa vie, je t'en foutrais des challenges où je risque de m'éclater la tête sur les rochers.

 

On se lance donc dans l'escalade, en essayant de ne pas nous casser la binette au passage. On a chaud, on a faim, on n'en peut plus.

Après avoir joué les équilibristes un petit moment, on voit la plage de l'hôtel. Deux touristes américaines, qui se baignaient près des rochers, se précipitent vers nous en se demandant clairement d'où vient cette apparition soudaine. Elles sont très gentilles et passé la surprise de nous voir débarquer de nulle part, elles nous indiquent le chemin pour aller vers les douches.

 

On passe devant un employé de l'hôtel qui nous demande poliment où on veut aller tout en regardant avec suspicion ces 2 filles en vêtements de rando, puantes de transpiration, et aux chaussures souillées de sable et de boue.

On lui explique qu'on a réservé pour le déjeuner et qu’on veut juste profiter des douches de la plage avant de manger. Je vois dans son regard qu'il pense également que c'est nécessaire...

 

Les douches sont merveilleuses. Elles sont situées dans un écrin en pleine nature, avec toutes les commodités, mais au milieu des fleurs tropicales. On se croirait dans une pub Tahiti Douche. Et se sentir propres est une sensation fantastique. On y reste longtemps, mais on a faim, donc il est temps d'aller manger.

On nous installe à une table dans le jardin, les pieds dans le sable, face à la mer. On se paye un cocktail bien mérité et on déjeune dans cet hôtel de luxe en tongs, maillot de bain et paréo.

Autour de nous il y a des iguanes qui se baladent entre les tables, et des paresseux dans les arbres au-dessus de nous.

Les cocktails bien mérités

Les cocktails bien mérités

Après le déjeuner on va s'installer sur un transat, on se baigne dans les vagues, on en profite à fond.

Le forfait « déjeuner + plage privée » est normalement valable jusqu'à 16h seulement, mais personne ne nous met dehors. On reste donc jusqu'à la nuit tombée, quand ils allument des lampions et des flambeaux, cet endroit est vraiment magique.

 

A 18h30 on se dit qu'il est temps de se demander comment rentrer à Quepos. En effet, a priori le dernier bus entre les deux villes passait à 17h. De plus, l'hôtel semble immense, perché sur la montagne, et d'après ce qu'on voit sur Maps, pour rejoindre la route il nous faudrait monter sur quelques kilomètres.

On demande donc candidement aux serveurs s'ils peuvent nous indiquer un moyen pour rentrer. Ils appellent leurs collègues de l'accueil et ceux-ci décident d'envoyer quelqu'un venir nous chercher à la plage en voiturette de golf.

On est donc baladées comme des princesses dans le dédale de petites routes de l'immense hôtel, jusqu'à l'accueil de celui-ci, beaucoup plus haut sur la montagne.

Là, on nous propose de prendre le taxi de l'hôtel, qui peut nous ramener pour un prix très intéressant. Prenant goût au traitement VIP, on accepte (on n'a pas vraiment le choix non plus).

 

De retour à Quepos on laisse sécher nos fringues et chaussures dégueu dans la cour de l'appartement, et on va manger dans un chouette bar-restau, où on prépare un délicieux casado rien que pour nous (plat qui normalement n'est servi que le midi), et où on goûte enfin le chili guaro, cocktail typique du pays à base de cacique (alcool local proche du rhum), de jus de tomate, de jus de citron, de chili et de tabasco. C'est dégueulasse.

21 février 2019

Jaisalmer, encore

Happy m'attend à l'arrivée du bus. Il a réservé pour moi une chambre dans l'hôtel de son cousin, qui est un très bel endroit.

 

Il l'emmène vers le stade à l'extérieur de la ville où se déroulent les festivités du jour, dans le cadre du Desert Festival.

Nous profitons des différentes attractions. Tout d'abord, un concours de force avec du tirage de corde (je ne sais pas comment cela s'appelle exactement). Il y a deux équipes : les Indiens contre les étrangers (des volontaires piochés dans le public). On commence par les hommes, les étrangers gagnent. Puis vient le tour des femmes, ce sont également les étrangères qui gagnent. C'en est trop pour le présentateur, qui explique doctement que c’est à cause des saris, qui sont trop lourds et désavantagent les Indiennes.

On enchaîne avec du polo à dos de chameau, de la lutte, y compris féminine (d'ailleurs les lutteuses sont en vraie tenue sportive, c'est-à-dire une combinaison moulante, je suis très surprise), et diverses acrobaties à dos de chameau.

Jaisalmer desert festival

Jaisalmer desert festival

 

Le lendemain nous passons une partie de la matinée dans la petite échoppe de Happy. J'en profite pour discuter avec son petit cousin, qui est employé comme vendeur ici. Il a 19 ans, n'a pas trop suivi l'école, mais espère un jour pouvoir ouvrir sa propre boutique. Il doit cependant faire des économies, car il ne gagne que 5000 roupies par mois (Happy lui paye aussi ses repas), soit 66 euros… Il s'empresse d'ajouter que Happy est un gentil patron, ce que je crois volontiers, mais on sent quand même qu'il y a un respect très marqué, voire une sorte de servitude naturelle : il lui apporte à boire puis rince son verre, fait toutes sortes de petites courses pour lui, range les vêtements que Happy sort… et tout cela paraît extrêmement normal pour eux.

 

Cet après-midi c’est le dernier jour du festival et il a lieu à 45km d'ici, dans le désert, sur le site très touristique de Sam Dunes. Happy, qui sait que j'apprécie les cocktails, me propose d'amener de quoi en préparer puis en boire dans la soirée. Je peux difficilement refuser une telle offre.

Il me propose tout d'abord un mojito, mais quand j'apprends qu'il veut mettre du coca dedans, je ne peux supporter une telle hérésie. Du jus de fruit avec du rhum, ça ira très bien. Les cocktails, ce n’est manifestement pas leur spécialité, ici. En revanche, je suis étonnée d'apprendre que le pays produit son propre rhum. Happy part en chercher, ce qui lui prend un certain temps. Quand il revient, il est tout fier de me montrer la bouteille, mais insiste pour le faire en cachette. Je comprends mieux pourquoi quand il m'explique que le rhum local est souvent coupé avec des substances dangereuses, et que le seul qui soit fiable est celui produit par l'armée. Oui, l'armée produit son propre rhum, et d'ailleurs, sur la bouteille il est bien précisé que seul le personnel de l'armée a le droit de la posséder. Happy a pu l'obtenir grâce à son frère militaire.

Rhum

Nous nous rendons donc aux dunes de Sam, où nous assistons à des courses de chameau.

Puis nous partons nous promener dans les dunes elles-mêmes (effectivement très touristiques, on peut y faire des safaris, je suis bien contente de ne pas avoir choisi cette option et d'avoir passé ma nuit dans le désert loin de toute civilisation).

Jaisalmer desert festival

Jaisalmer desert festival

Nous nous installons dans un endroit plus ou moins tranquille et dégustons nos cocktails.

Happy et moi + des cocktails

 

Peu à peu la foule s'en va pour aller assister au concert du soir, que l'on voit de loin. Nous nous attardons un peu pour profiter de la tranquillité. Tout d'un coup débarquent cinq policiers, qui interpellent Happy très agressivement (je précise que nous avions rangé le rhum depuis longtemps). Il y en a même un qui lui met une belle tape derrière la nuque, et l'autre fait claquer son bâton de manière menaçante.

J'essaie de les interpeller mais ils me parlent à peine. Finalement Happy parvient à les faire partir en leur donnant… la bouteille de jus d'orange. Bien sûr, ils voulaient de l'argent, mais ils ont fini par s'en contenter. Je suis choquée. Je savais que la police indienne était corrompue, mais pas au point de frapper quelqu'un pour un pot de vin devant un touriste ! Je veux contacter les autorités, l'ambassade, pour leur raconter ce qu’il s’est passé. Mais il me fait promettre de ne pas le faire, il ne veut pas d'ennuis (ils ont pris une photo de sa carte d'identité avant de partir), et puis les autorités sont tout autant corrompues. Il dit que de toute façon, ils auront un mauvais karma dans la vie. Personnellement, je leur aurait bien renvoyé leur karma dans la tronche, mais bon, c’est facile à dire pour moi qui ne risque rien.

 

Nous écoutons encore un peu le concert, puis il est temps d'aller se coucher. Happy m'avait dit qu'il essaierait de nous trouver des tentes pour la nuit. Il y a en effet plein d'hôtels proposant des grandes tentes très bien aménagées (avec mobilier et salle de bain attenante) dans le coin. Mais ce soir, avec le festival, il y foule et la plupart des hôtels sont complets. Il m'informe qu'un de ses potes lui a réservé gratuitement une tente, mais que du coup, il ”n'a pas osé” en demander deux… Je tique. Je lui avais bien dit que je voulais deux tentes. J'accepte quand même d'aller voir, avec deux lits bien séparés ça pourrait le faire. Mais il s'agit d'un grand lit double. C'est non. Happy semble tout gêné. Il propose timidement que nous demandions des couvertures séparées, comme ça, ça pourrait faire comme si… je le coupe dans ses explications. Il se fiche de moi ou quoi ? “Bon, dans ces cas-là je vais dormir dans la jeep, il ne fait pas si froid”, me dit-il d'un air de chien battu. Je précise qu'il a commencé à pleuvoir (oui, dans le désert) et que la température a bien baissé. Il n’en est pas question.

 

Cependant, j'ai repéré un matelas sous l'auvent devant la tente, je lui propose de le poser au pied du lit et qu'il dorme dessus. Il accepte, soulagé.

 

Nous discutons encore un peu puis je commence à m'installer pour la nuit, je suis bien fatiguée maintenant. Il m'indique qu'il n'ose pas déplacer le matelas (“je ne veux pas déranger”) et qu'il va dormir par terre au pied du lit. Grand bien te fasse, mon gars. Moi, je m'installe dans le lit quoi que tu décides.

 

Mais au moment où je me couche, j'entends un grand boum et je m'aperçois que je suis descendue d'un étage. Le lit s'est effondré. J’éclate de rire. Il ne manquait plus que ça ! Happy répare tout ça rapidement. Je peux enfin me recoucher.

 

 

Je commence à sombrer dans le sommeil quand j'entends Happy qui m'interpelle : “non mais en fait, je sens que cet endroit n’est pas pour toi, on va rentrer, ce sera mieux”. Nom de dieu, tu pouvais pas me dire ça avant que je commence à m'endormir, non? “Tu n'es pas à l'aise, ça se voit. Et puis tu as peur que le lit ne s'écroule pendant la nuit”. Mais bien sûr. Tu as déduis ça du fait que je mette une minute avant de commencer à m'endormir profondément, je suppose ? Mais il semble tellement malheureux que j'accède à sa requête. Clairement, c'est lui qui est très mal à l'aise. Et puis vu l'heure qu'il est, il n’y a plus personne sur la route et le trajet est rapide.

Je le quitte en arrivant à l'hôtel, tout en lui répétant pour la quinzième fois depuis le début du trajet qu'il arrête de s'excuser pour la soirée. Et je vais enfin dormir tranquillement dans mon lit.

 

Le lendemain est une journée tranquille, nous passons le plus clair de notre temps à papoter devant son échoppe. Il tient tout de même à m'emmener à quelques kilomètres de là, à l'endroit où se trouvait l'ancienne ville de Jaisalmer. Un temple a été conservé. Un très bel endroit, dont ne parle aucun guide touristique.

Jaisalmer - ancienne capitale

Jaisalmer - ancienne capitale

Jaisalmer - ancienne capitale

 

Le soir il y a plusieurs mariages dans la ville, c’est apparemment une date astrologiquement propice (un critère important pour les Indiens). Parmi ceux-ci il y a celui d'un membre éloigné de la famille de Happy.

Je lui demande si c’est un mariage arrangé. Oui, évidemment… Les futurs époux se sont-ils déjà rencontrés ? Apparemment, ils ont ont eu l'occasion d'échanger un peu sur WhatsApp. Happy, lui, avait totalement découvert son épouse le jour de son mariage. Waouh, que de progrès en 15 ans ! Quelques messages échangés sur internet avant de passer ta vie avec quelqu'un…

 

Quoi qu'il en soit, le mariage dure plusieurs jours et ce soir, c’est la parade dans les rues. Ils ont loué un camion qui joue de la musique techno à fond, et qui roule lentement dans les rues, suivi par une foule en liesse. Évidemment, quand il passe devant nous, je suis chaleureusement invitée à danser parmi eux. Dommage que la musique ne soit pas plus typique, mais au moins c'est plein de bonne humeur (en plus de provoquer des embouteillages monstrueux).

Jaisalmer - mariage

 

Jeudi matin, il est temps pour moi de partir, prendre mon vol pour Delhi. Naru ne veut pas que je paye pour ma chambre, j'insiste et il finit par accepter en me faisant une super réduction. Il m’emmène en voiture jusqu'à l'aéroport, avec Happy. Je leur dis au revoir le cœur gros, ce sont vraiment devenu des amis à présent.

 

La dernière journée je visite encore un peu Delhi, puis met un terme à ce voyage ô combien intense et riche en émotions.

Delhi

Delhi

16 février 2019

Jodhpur et Udaipur

Je pars le mercredi pour Jodhpur. J'arrive à la gare et constate qu'elle est magnifiquement décorée.

Gare de Jodhpur

 

J'ai choisi ma guesthouse un peu au hasard (Jodhpur heritage haveli) et je suis enchantée : pour un prix inférieur à tout ce que j’ai eu jusque là (9 euros !), j’ai une très jolie petite chambre bien décorée, toute propre, une salle de bain avec eau chaude (très rare ici), le tout situé dans un ancien haveli (palais) charmant, avec vue sur le fort de la ville.

En revanche, il y a quelques problèmes avec le wifi, qui se déconnecte tout le temps. Du coup, je vois que Happy m'envoie des messages sur WhatsApp, mais je ne peux pas les lire.

 

Jeudi matin, je me lève tôt pour aller visiter la forteresse. Elle comprend un magnifique palais, que je passe plusieurs heures à admirer.

Jodhpur Fort

Jodhpur Fort

Jodhpur Fort

 

 Lors d’un détour parmi les coursives, je tombe sur un grand panneau : démonstration de musique traditionnelle indienne, gratuite pour tous les porteurs de l'audio-guide (qui est inclus dans le billet d'entrée des touristes). Juste à côté, assis sur une chaise, se trouve le musicien qui m'interpelle : “ça vous intéresse ?” Il est vrai qu'il est encore tôt le matin, il y a peu de monde, il semble désœuvré. Pourquoi pas. Il me fait passer dans un salon privé où sont installés plusieurs instruments, et me fait une démonstration de musique et de chant. C'est absolument magnifique, et l'acoustique de la pièce fait résonner les notes encore plus profondément. Il prend le temps de tout m'expliquer (les différents instruments, leur utilité - pour s'apaiser ou pour se mettre de bonne humeur), et la démonstration dure beaucoup plus longtemps que les deux minutes proposées par l'offre sur l'affiche.

On discute un peu et quand je lui dis que je viens de Strasbourg il me répond qu’il connaît bien la ville. Il me montre en effet des affiches de concerts qu'il a fait dans toute la France. En fait, c’est un artiste réputé internationalement.

 

Je continue ma visite lorsque tout d'un coup, je reçois un texto de Happy : “quand est-ce qu'on se retrouve ?” Comment ça ? À défaut d'Internet, il m'envoie quelques sms pour m'expliquer la situation : c’est l'anniversaire d'un ami qui habite Jodhpur, du coup il est venu pour lui faire une surprise, et il voudrait en profiter pour me voir. C'est une super surprise.

Nous nous retrouvons ainsi que son ami, Amit, et trois jeunes polonais avec qui sont également de ses connaissances, mais qui nous quittent rapidement pour aller visiter la ville.

Amit nous invite chez lui. Il habite une immense maison dans un quartier huppé de la ville. Nous sommes rapidement rejoints par le cousin de Happy, Naru, qui est le patron de Pleasant Haveli, l'hôtel haut de gamme dans lequel se trouve sa galerie d’art. Nous discutons un moment tous ensemble. Amit voyage énormément, et vit une partie de l'année aux Etats Unis. Je découvre qu'il connaît très bien Nawab Khan, le musicien du Fort. En fait, ils sont amis depuis des années. C'est en partie pour lui qu'il a agrandi sa maison (14 chambres…). Il avait en effet créé une communauté chez lui où des voyageurs du monde entier étaient invités à venir gratuitement, mais en échange cela faisait la publicité de Nawab Khan, qui y était à demeure. Cela n'a duré que 4 mois (tout ça pour ça !), et finalement Nawab Khan s'est fait connaître autrement et fait maintenant des tournées dans tout le pays et à l'international.

Amit a gardé de l'expérience l'habitude d'inviter des voyageurs chez lui. Il est d'ailleurs extraordinairement accueillant. Il partage son gâteau d'anniversaire (bof, pas terrible les gâteaux indiens, plein de crème et pas de goût, même si je suis sûre qu'il venait d'une pâtisserie haut de gamme), et tout ce qui se trouve dans son frigo d'ailleurs. Il m'offre de jolies boucles d'oreilles juste parce qu'il pense qu'elles m'iront bien…

Je me sens pourrie gâtée au milieu de ces gens là.

 

Happy et Naru finissent par quitter la maison et proposent de me rapprocher en voiture du centre-ville. Ensuite, pas de problème “on s'occupera du tuktuk”. Je pensais que cela voulait dire négocier le prix avec lui, que nenni, ils n'envisagent pas de me laisser payer…

Je me balade encore un peu en ville puis rentre à l'hôtel et je découvre tous les messages que Nawab Khan m'a laissé sur WhatsApp. Je discute un peu avec lui, il en fait des tonnes : “tu as une âme merveilleuse, tu m'as touché”, il m'envoie des photos de lui en concert en me demandant si ça me plaît, et tous ses efforts ne portant aucun fruit, il finit par m'envoyer un ”I love you” en désespoir de cause. Est-ce donc ainsi que font toutes les rock stars du monde entier pour tenter de séduire leurs fans ? Ou est-ce une méthode typiquement indienne ? Dans tous les cas, je l'envoie gentiment balader.

Jodhpur

Jodhpur

 

Je pars ensuite pour Udaipur, soit-disant la ville la plus romantique du pays. C'est vrai que la vue sur le lac est très belle, mais dès que l'on descend dans la rue, le vacarme des klaxons, le chaos de la circulation et le harcèlement des vendeurs en tout genre reprend.

Udaipur

Udaipur

 

Je visite le City palace, très beau palais comme de bien entendu. Une pièce m'amuse particulièrement. Les Indiens aiment bien les décorations à base de multitude de petits miroirs. Mais cette fois-ci, ils y sont allés à fond, avec en plus des carreaux multicolores qui font des taches colorées dès que le soleil brille. Je vérifie la date de création du palais : 1672. C'est officiel, l'Inde a inventé le disco bien avant tout le monde.

Udaipur

 

Pour mon dernier jour à Udaipur, je me rends auprès de l'association Animals Aid Unlimited, qui possède un grand refuge (pratiquement le seul du pays) dans un village pas très loin. Ils secourent les animaux des rues blessés ou maltraités, essentiellement des chiens et des vaches, mais également des ânes, chèvres, moutons, et quelques autres animaux de temps en temps.

J'avais en effet essayé de contacter d'autres associations, notamment celles qui viennent en aide aux femmes, mais il est impossible d'y faire du volontariat sur une courte période. Ici, Ils accueillent volontiers les visiteurs qui veulent rester s'occuper des animaux pour quelques heures ou pour la journée. On peut toujours être utile.

 

La journée commence par un tour de la propriété et une explication des différentes missions de l'association. Ils ont des équipes de rue, qui effectuent les soins les plus simples sur place. Ils ont également plusieurs ambulances, pour emmener les animaux dont l'état ne leur permet pas de rester dans la rue, même si le but est toujours de les relâcher quand c’est possible. Ils ont également une action d'éducation envers la population locale, qui en a bien besoin. Les lois existent pourtant, et prévoient des peines en cas de maltraitance. L'association n'hésite pas à porter plainte pour les cas les plus graves. Au début, cela a été difficile, car la police dans le pays est totalement corrompue et n'a aucune envie de travailler. Mais ils ont su faire jouer les pressions nécessaires pour que les policiers locaux apprennent qu'il valait mieux travailler avec eux plutôt que de les envoyer balader…

Leurs principaux pensionnaires sont les chiens, qui pullulent dans les rues, mais aussi les vaches. Ce n’est pas parce qu'elles sont sacrées qu'elles ont une vie facile. Les Indiens ne les mangent pas mais consomment beaucoup de produits laitiers. Lorsqu'un mâle naît, il ne présente donc aucune utilité et est souvent laissé à l'abandon dans les rues. De même, les femelles qui ne peuvent plus se reproduire et donc donner de lait, parce qu'elles sont malades ou trop vieilles, sont abandonnées. L'association les récupère et les soigne, mais contrairement aux autres animaux, l'euthanasie est interdite pour les vaches. Certains cas sont donc assez difficiles, avec des vaches qui agonisent pendant des jours sans que l'on puisse faire autre chose que de leur donner des anti douleur.

 

Je passe donc ma journée à m'occuper des différents animaux, et je suis sidérée de constater à quel point les bovins sont affectueux. Les petits veaux notamment sont adorables, toujours à venir chercher des caresses. À vrai dire, ils sont même beaucoup plus câlins que les chiens. Comme quoi, on a des idées reçues sur quelles espèces sont destinées à la compagnie et lesquelles sont pour l'élevage…

 

Lors de ma journée au refuge, je fais la connaissance d’Hallel, une Israélienne qui voyage en Inde depuis un moment. Nous découvrons que nous allons prendre le même bus de nuit pour Jaisalmer. Et oui, je retourne à Jaisalmer, car il s'y déroule le Desert Festival en ce moment, et c’est une bonne excuse pour retourner dans cette petite ville que j’ai tant aimé.

Hallel et moi décidons donc de partager un tuktuk pour se rendre au terminal de bus. En comparant nos tickets, nous constatons qu'en fait même si nous voyageons avec la même compagnie et que nous partons toutes les deux à 20h30, nous ne serons pas dans le même bus car j'ai choisi celui avec air conditionné (catégorie supérieure, les couchettes sont plus confortables, il y a des couvertures et des rideaux pour préserver l'intimité) et elle celui sans air conditionné.

Nous arrivons devant les bureaux de l'agence et nous installons pour attendre. Elle croise un couple d'Allemands qu'elle avait rencontré quelques jours plus tôt. Nous discutons un moment. Ils vont à Jaisalmer également, avec un bus air conditionné, mais dont le départ est à 21h.

Tout d'un coup le responsable de l'agence m'appelle : il faut que je prenne cette navette qui m'amènera vers le point de départ du bus. Ok. Le couple d'Allemands doit la prendre également. Hallel demande ce qu'il en est pour elle (elle se retrouverait seule ici, il n’y a pas d'autres passagers en vue) et on lui dit qu’elle peut la prendre aussi “si elle veut”. Elle monte donc avec nous. La navette nous dépose au milieu de nulle part, mais il y a un bus qui attend. Le couple allemand montre leurs tickets au bagagiste, qui leur indique que c’est leur bus, et qu'ils peuvent poser leur sac à dos dans le coffre. Hallel et moi demandons où sont nos bus (surtout qu'ils doivent logiquement partir une demi heure avant celui-ci, c’est-à-dire dans dix minutes).  Il n'en a aucune idée. Nous allons demander au chauffeur. C'est mon bus, me dit-il. Je peux aller poser mon sac dans le coffre. Je suis un peu étonnée mais ok. Hallel en revanche doit attendre, mais elle commence à s'inquiéter. Elle demande à l'assistant du chauffeur s'il peut lui en dire plus. Il lui indique que c’est en fait son bus et qu'elle peut poser son sac dans le coffre. Elle est dubitative mais s'exécute. Sur ce, le responsable de l'agence arrive. Elle lui demande confirmation. Mais pas du tout, s'exclame-t-il, ça ne peut pas être son bus, voyons ! Elle va rechercher son sac. Le chauffeur revient, elle s'inquiète : quand son collègue va-t-il arriver ? Il ré-examine son ticket, et lui fait signe qu'elle peut poser son sac dans le coffre…. Au final, nous voyagerons tous dans le même bus (très confortable, d'ailleurs). Ah, les joies de l'organisation indienne.

14 février 2019

Jaipur et Jaisalmer

Je prends le train pour Jaipur très tôt le lendemain matin. Je me balade un peu dans les rues, c’est une grande ville mais elle est tout de même moins asphyxiante et cahotique que Delhi.

Je visite le City palace, qui est selon moi un peu décevant (c’est que je deviens exigeante avec les palais indiens !

Jaipur city palace

 

Le lendemain matin, je pars pour Amber à une dizaine de kilomètres de Jaipur, visiter le fameux Amber Fort. Et pour le coup, je ne suis pas déçue ! C'est immense et absolument magnifique.

Je passe un moment à errer dans les passages secrets, les couloirs intérieurs, les mezzanines surplombant les cours des bâtiments.

Jaipur Amber fort

Jaipur - Amber Fort

Jaipur Amber fort

 

En sortant, je repère un tunnel qui permet de monter jusqu'au fort de Jaigarh. En effet, en cas d'attaque il était possible d'emprunter ce tunnel pour aller se réfugier plus haut sur la montagne. Après quelques centaines de mètres, le passage remonte à la surface et se transforme en haut et large mur sur lequel on peut marcher pour effectuer le reste du trajet.

À l'entrée du tunnel, il y a trois jeunes indiennes qui me demandent si je veux les suivre. Avec plaisir. Nous faisons donc le trajet ensemble. L'une d’entre elles parle quelques mots d'anglais, ce qui permet d'échanger superficiellement. Elles sont très gentilles, mais elles me font rire : elles n’ont pas 20 ans, et monter deux kilomètres en pente douce semble être le pire des efforts pour elles. Elles passent leur temps à faire des pauses pour reprendre leur souffle. Pas très sportives, les Indiennes !

Nous arrivons au fort et de là, admirons la vue magnifique sur la vallée, la muraille et le fort d'Amber.

Jaipur - fort de Jaigarh

Jaipur - fort de Jaigarh

 

En ressortant du fort je cherche un tuktuk pour me ramener sur Jaipur. Les chauffeurs présents réclament 500 roupies alors que j'avais payé 300 pour venir jusqu'ici. J'argumente un moment avec eux, ils ne veulent rien savoir. Soudain, j'entends une femme derrière moi qui me dit : “venez avec moi, je vous emmène à Jaipur !” Je me retourne et vois une Indienne très classe, habillée à l'occidentale. Elle parle un anglais impeccable. Elle me propose gentiment de me déposer près de mon hôtel puisqu’elle descend tout près. On discute pendant le trajet : elle et son mari sont de Bengalore, dans le sud du pays, et sont invités à un mariage dans la région (un grand mariage à l'indienne, qui dure 4 jours). Ils avaient une demi journée de libre, et en ont profité pour visiter Amber Fort. Ils ont énormément voyagé à travers le monde, et connaissent notamment bien l'Europe. J'en profite pour aborder le sujet de l'anglais, parlé avec beaucoup de disparité par les Indiens. Elle m'explique que l'anglais est la langue d'enseignement dans toutes les écoles privées. En revanche, dans les écoles publiques, ce n’est qu'un cours parmi d’autres. Et bien sûr, ceux qui n’ont pas eu la chance d'aller à l’école (ou très peu) ne le connaissent pas du tout.

 

Le samedi je n’ai pas prévu grand chose à part aller au cinéma. Il paraît que c’est une expérience à tenter et justement, il y a un cinéma réputé à Jaipur. Il n’y a qu'une salle et malheureusement, au moment où j'y vais, ce n’est pas un film Bollywood qui passe (ça aurait été rigolo), mais une grande fresque épique sur une princesse indienne qui a défié les colons anglais (inspiré d'une histoire vraie). Va pour ça. J'entre. Le hall est une espèce de meringue boursouflée se voulant luxueuse, avec déco bien kitsch. Les toilettes comprennent un “salon de beauté” avec bancs et miroirs. La salle elle-même comporte plusieurs balcons, et un grand rideau rouge cache l'écran avant le début de la séance.

Cinéma Jaipur

Il n’y a qu'une bande annonce avant que le film ne commence, et aucune publicité. Le film lui-même est étonnamment bon, même si les scènes de bataille sont assez drôle, avec la princesse qui manie le sabre et fait des acrobaties comme un ninja. Les spectateurs applaudissent et poussent des cris de joie à chaque fois qu'elle sort une bonne réplique ou qu'elle domine un méchant.

Je dois malheureusement sortir avant la fin car il me faut attraper le train pour ma prochaine destination, Jaisalmer.

 

Cette fois-ci, c’est un train de nuit. Je dois dire qu'ils ne sont pas si mal que ça. Draps propres, oreiller et couverture sont fournis. La banquette est simplement hyper dure, mais ça ne m'empêche pas de bien dormir.

J'arrive à Jaisalmer à 5 heures du matin et il fait encore nuit. Je prends un tuktuk qui me conduit en ville. Cela me permet d'avoir une première vue sur la citadelle illuminée qui domine la ville, elle est splendide.

Je réveille plusieurs réceptionnistes avant de trouver un hôtel ayant une chambre libre. On me laisse gentiment m'installer dès maintenant sans me faire payer la nuit en cours.

 

Après quelques heures de repos je vais me renseigner auprès de la réception : il faut que je fasse ma troisième injection du vaccin contre la rage ( il y a cinq injections : le jour de la survenue du risque, trois jours plus tard, puis une semaine, deux semaines et un mois plus tard). Le médecin m'a fait une prescription pour que j'achète mon vaccin à la pharmacie, et il faut que je trouve quelqu'un pour la piqure. Un des hommes de l'hôtel propose de m'emmener en moto : d'abord à la petite officine qui ne paye certes pas de mine mais qui a tout ce qu'il faut en stock, puis juste en face à l'hôpital public. Là un médecin me fait immédiatement la piqure et je n’ai rien à payer. Ici tous les soins sont gratuits. Et je suis surprise de constater que ce n’est pas un lieu misérable. Il n’y a certes pas d'installation dernier cri, mais tout est propre et les patients sont pris en charge rapidement.

 

Je me dirige ensuite vers la ville. Je ne suis pas encore arrivée à la citadelle que je m'émerveille déjà de la beauté de beaucoup de maisons, dont les murs sont finement sculptés. Toute la ville est construite en grès, dérivé du sable (d'où le surnom de ”golden city”), très facile à travailler et à graver, et dès qu'un propriétaire a de l’argent il met un point d'honneur à décorer sa maison. Sans compter tous les palais dont les façades représentent un extraordinaire travail d'orfèvre.

Mais surtout, surtout, c’est la première ville indienne où le trafic n’est pas omniprésent, le bruit n’est pas assourdissant, et l'ambiance générale est par conséquent incroyablement plus agréable.

Jaisalmer

Jaisalmer

 

Je me rapproche ainsi petit à petit de la citadelle, le cœur historique de la cité, quand je tombe sur Happy (c'est un surnom), un des innombrables Indiens qui cherchent à m'indiquer le chemin. Mais celui-ci est différent, il ne cherche pas à me vendre quoi que ce soit, il veut juste discuter. On commence la conversation très fort, avec tous les sujets qui fâchent : politique et religion. Mais je commence à comprendre que ce n’est pas un Indien “classique” quand il me dit que j'ai de la chance de n'avoir été élevée dans aucune religion. Lui regrette beaucoup son éducation très traditionnelle. Il a grandi dans un petit village dans le désert du Thar, tout près d'ici. Il a subi un mariage arrangé quand il était très jeune (17 ans), comme la plupart des Indiens. Une petite fille en est née. Il a travaillé un peu dans l'agriculture mais s'est vite détourné de cette vie et a voulu rejoindre la ville pour étudier et vivre une autre vie. Sa famille s'y est fortement opposé. L'éducation et la vie citadine sont très mal vues dans ces villages traditionnels, tout comme le progrès et la médecine moderne, par exemple. Il est quand même parti, a commencé par de petits jobs (comme guide pour les touristes dans le désert), a suivi des études d'histoire de l'art et de fil en aiguille a ouvert une galerie d'art dans l'hôtel de luxe de son cousin.

Il a également une petite échoppe de tissus et vêtements dans le centre (celle devant laquelle nous sommes assis depuis plusieurs heures à papoter), et complète ses revenus en bossant à droite à gauche.

Sa femme et sa fille sont restées dans le désert à s'occuper du bétail, il ne les voit que rarement. Le divorce n’est pas envisageable, mais lui se considère comme un homme libre. Je lui fais tout de même remarquer qu'il a la vie facile par rapport à sa femme : elle conserve une vie de travail ingrat, ne pourrait jamais sortir avec un autre homme, et élève seule leur fille. Il l'admet bien volontiers mais ajoute tout de même qu'il souhaite donner à sa fille la possibilité de faire des études, et que jamais il n'envisagera un mariage arrangé pour elle. C'est déjà ça.

 

Nous montons ensuite vers la forteresse. Tout le monde le salue, il est connu ici. La forteresse est magnifique, richement décorée et dotée d'un enchevêtrement de petites ruelles sympathiques. 

Jaisalmer

 

Il me montre quelques bâtiments, puis puis m'emmène à quelques kilomètres de là, vers les cénotaphes (tombes des maharajahs et de leurs épouses), un endroit très tranquille malgré les touristes. Nous prolongeons la soirée par un resto et discutons encore de choses et d’autres (nous mettons notamment les choses au clair quant au fait que je ne vois qu'un ami en lui).

Le lendemain matin je retourne vers la citadelle visiter des temples Jain, qui ne sont ouverts aux visiteurs qu'une heure par jour. C'est splendide. Les murs, piliers et plafonds sont couverts de sculptures d'une délicatesse incroyable. C'est d’ailleurs dommage que j'aie si peu de temps devant moi car j'aurais passé des heures à les admirer.

Jaisalmer temple jain

Jaisalmer temple jain

 

J'ai en effet rdv avec Happy à midi à mon hôtel et je suis en retard. Je redescends les rues de la citadelle en courant, quand j'entends quelqu'un qui m'interpelle : c’est Happy, confortablement assis sur une chaise devant l'échoppe d’un de ses amis… Du coup je m'assois à côté de lui et nous papotons.

Son ami qui tient l'échoppe (et parle bien français) m'invite à le rejoindre pour discuter également. Ce que je fais, sous le regard jaloux de Happy. Il m'explique qu'il est marié avec trois enfants, mais que c'était un mariage arrangé, qu’il était jeune, et qu’il a l'impression de ne pas avoir profité de la vie. Il considère donc aujourd'hui qu’il est libre de chercher des copines. Feignant de ne pas comprendre l'allusion, j'enchaîne aussitôt : et sa femme, elle a le droit de chercher des copains ? Non, m'explique-t-il, ce n’est pas dans leur culture. Il a du mal à comprendre en quoi c’est inégalitaire, et quand j'insiste, il m'explique qu'il plaisantait et qu’il ne tromperait jamais sa femme. Mais bien sûr… Au moins m'assure-t-il qu'il ne fera pas de mariage arrangé pour ses enfants car il ne veut pas qu'ils aient la même vie que lui. C'est déjà ça. Les choses évoluent peu à peu à chaque génération, même s'il reste encore beaucoup de progrès à faire.

 

Nous partons ensuite avec Happy retrouver Viola, une touriste suisse, car il m’a proposé de me joindre à une excursion dans le désert avec elle. Du coup, il nous servira de guide.

Nous partons donc tous les trois en jeep dans le désert. C'est le désert du Thar, ce ne sont pas des dunes de sable pour la plupart, mais plutôt un environnement aride avec quelques buissons ici et là. On y trouve quelques animaux sauvages (dont des paons !), et il est habité essentiellement d'agriculteurs (l'eau est pompée du sous-sol) et d'éleveurs de chèvres ou de chameaux. Il y a également toute une population de Gitans sédentarisés, et ce sont eux qui font l'essentiel du travail de sculpture des pierres pour les maisons de Jaisalmer. Le gouvernement fait transporter de l'eau dans les villages qui n'en ont pas (nous croiserons d'ailleurs une citerne tirée par… un chameau !)

Jaisalmer - désert

 

Après deux arrêts (une oasis et un village abandonné), nous entrons dans le parc naturel du désert. Là nous attend Sambu, qui nous guide à dos de chameau jusqu'à notre campement pour la nuit. Le paysage change peu à peu, les buissons se raréfient, et nous nous dirigeons vers de vraies dunes de sable. C'est loin de tout que se trouve notre campement.

Happy et Sambu nous cuisinent un bon repas cuit sur le petit feu de bois allumé pour l'occasion, pendant que nous admirons le soleil se coucher.

Puis nous nous allongeons sur les épaisses couvertures posées par terre, et nous endormons sous les milliers d'étoiles.

Quand je me réveille il fait déjà jour. Un bon petit déjeuner dans ce merveilleux endroit, une dernière balade en chameau et il est déjà l'heure de rentrer.

Jaisalmer - désert

Jaisalmer - désert

Après un détour à l'hôtel je retrouve Happy qui m'amène à un point de vue qui me permet d'admirer la forteresse au coucher du soleil, puis éclairée de nuit. Jaisalmer est vraiment une ville merveilleuse.

Publicité
Publicité
9 février 2019

Agra

Le lendemain matin, je pars très tôt choper un train pour Agra. Comme d’habitude je ne comprends rien au système donc je demande à des Indiens de m'aiguiller. Comme c’est un court trajet (théoriquement 50 minutes), j’ai juste pris un ticket général sans réservation de siège. Quand je monte dans le train, il y a du monde. Ce sont de larges wagons avec 3 sièges d'un côté du couloir et 3 de l'autre. J'aperçois un mec tout seul avec 2 sièges libres à côté de lui.

Je m'installe en lui demandant si c’est ok, il me fait un geste que j'ai du mal à interpréter, mais n'insiste pas. Cinq minutes plus tard débarquent ses deux copains, qui étaient allés chercher à manger. Je m'apprête à me lever mais ils demandent à voir mon ticket : eux non plus n'ont pas de siège réservé, ils s'étaient assis là parce qu'il n’y avait personne. Ils me disent que je peux rester à ma place, ils vont se serrer. Ils se mettent donc à trois sur les deux sièges à côté de moi. On commence à papoter, ils sont très sympas. Ce sont trois jeunes qui ont quitté leur village pour aller en ville passer un examen afin d'entrer dans l'armée. Ils sont sur le trajet retour. Je comprends mieux pourquoi l'un d’entre eux a insisté pour mettre mon sac à dos dans le filet au-dessus de nous en précisant que “pour lui, ce n’est pas lourd”, il voulait montrer ses muscles. Comme d’habitude c’est eux qui m'indiquent où je dois descendre, heureusement que les passagers font le boulot des annonces ferroviaires !

 

Je rejoins le centre-ville après avoir essayé en vain de trouver un billet de train pour Varanasi. Tant pis, ma prochaine étape sera donc Jaipur. Je m'installe à l’hôtel Kamal, où l'accueil est très chaleureux. Je vais ensuite me balader un peu près de l'hôtel. Je passe devant l'un des innombrables chiens errants qui peuplent la ville, quand tout à coup, sans prévenir, celui-ci me mord à la jambe. Mince, ça saigne. Je retourne à l'hôtel qui est à 50 mètres de là et montre ma jambe à la réception. On me conseille d’aller voir un médecin, on ne sait jamais. Juste le temps de décider ça, et j’ai déjà quatre ou cinq Indiens autour de moi, me demandant de leur montrer la blessure. Ils sont fascinés.

Un tuktuk m'amène voir un médecin qui me prend immédiatement en charge. Même si j'avais déjà fait le vaccin contre la rage lors de mon tour du monde, il préfère le refaire, pour plus de sûreté. Il me fait donc m'allonger sur un lit (c'est une salle d'accouchement - j'ai les pieds dans des étriers il y a des affiches sur les premiers gestes au nourrisson autour de moi…). Il nettoie et stérilise bien ma plaie et me fait l'injection, puis me demande de rester allongée cinq minutes. Les cinq minutes s'éternisent et je commence à trouver le temps long, quand une des infirmières décide de m'amener une petite fille pour la divertir, je suppose. Elle est fascinée par moi, me répète dix fois “hello”, d'abord en agitant la main, puis en osant toucher la mienne. Les infirmières insistent pour lui montrer ma blessure, heureusement ça ne semble pas l'intéresser plus que ça, et elle préfère recommencer à me serrer la main. Le médecin revient et me dit que je peux me lever, avant que je ne devienne l'attraction de tous les patients de la clinique.

 

Je rentre à l'hôtel, tout le monde me demande comment je vais et vient voir mon bandage. Le manager me demande s'il peut prendre une photo de moi car il a prévenu un copain journaliste qui veut faire un article sur le problème des chiens errants et aimerait l'illustrer. Après m'être assurée qu’il n'écrirait pas n'importe quoi j'accepte, plus pour le fun qu'autre chose. Puis je vais me reposer dans ma chambre.

Quelques heures plus tard, on frappe à ma porte. C'est le manager qui me dit que le journaliste voudrait également une photo du bandage. Je me retrouve sur le pas de la porte, en train de lever la jambe vers lui en essayant de lui montrer le meilleur angle. Je suis morte de rire devant l'absurdité de la situation. Je le regarde vérifier les photos sur son smartphone. “Attendez, vous m’avez prise en entier ? Ça ne va pas, sur celle-là je suis en train de me retenir d'éclater de rire”. “Pas du tout, me répond-il avec un clin d'œil. Vous êtes en train de pleurer parce que vous êtes traumatisée”. “N'envoyez pas cette photo !” Trop tard, il les a déjà toutes envoyées. Bonjour l'information mensongère. Et il rajoute en partant : “ah, au fait, maintenant, il y a deux journaux qui veulent écrire un article sur vous…”

 

Sur ce, je vais me coucher. Le lendemain, je demande au chauffeur de tuktuk (le même qu'hier, celui qui m'avait amené chez le médecin) de me conduire à la station de bus. Il en profite pour me montrer le journal. Je vois une photo de moi (celle où on ne voit que mon visage) mais pour le reste je ne sais pas ce que ça raconte, tout est écrit en hindi. Je lui demande de traduire, mais il botte en touche. Tant pis.

 

Je prends le bus pour Fatehpur Sikri, un village à 45 km d'Agra. En arrivant, je fais la connaissance d'Adil, un jeune Indo-Népalais. Il propose de me servir de guide. Au début, il essaie de m'attirer vers un resto. Je mets tout de suite les choses au point : je ne suis pas intéressée par le tour des restos et boutiques où il pourrait toucher une commission. Il s'excuse platement et me demande s’il peut quand même m'accompagner. J'ai un bon feeling avec lui, je décide de me fier à mon instinct et j'accepte. Bien m’en a pris. Il est passionnant, extrêmement sympathique et a beaucoup d'humour. J'avoue qu'il m’a eue quand on est passés devant les photos de personnalités ayant visité les lieux, et que devant celle de Sarkozy et Carla bruni il s'est exclamé (en français dans le texte) : “ah je connais ! Carla Bruni grande et belle ! Et Sarkozy petit petit et… euh… pas très beau”. Quant au site lui-même (une immense mosquée et une ville ancienne à l'abandon), il est magnifique. Au final je passe un excellent après-midi.

Fatehpur Sikri

Fatehpur Sikri -Adil 

Je rentre à l'hôtel et le réceptionniste m'interpelle : “vous avez votre photo dans le journal !” Il me le montre, ce n’est pas le même que celui de ce matin. Sur ce, le manager arrive, et me dit : “je vous ai ramené deux journaux où vous avez votre photo !” Encore deux autres. Je lui demande de traduire les articles. Il me dit juste que ça parle du problème récurrent des animaux errants. J'espère que ça ne raconte pas que je vais exterminer tous les chiens errants d'Agra.

P1030250 

Le lendemain je me lève à l'aurore pour visiter le fameux Taj Mahal (il paraît que c’est l’heure à laquelle il est le plus beau, et surtout il n’est pas encore surchargé de touristes). Et c’est vrai qu'il est grandiose. L'intérieur n'a rien de spécial mais le bâtiment lui-même est très imposant et d'une grande élégance. Je le mitraille. Je m'acquitte également de toutes les requêtes des touristes indiens qui veulent faire des photos avec moi. Je suis maintenant habituée aux “Madam, selfie please”.

Puis je rentre me reposer un peu.

Agra - Taj Mahal

Agra - Taj Mahal 

L'après-midi, je vais visiter le fort d'Agra. Un peu dans le même style que celui de Delhi, mais beaucoup plus beau, selon moi. Le site est grand et calme, c’est un bonheur. À la fin, je m'assois sur un banc et et regarde les écureuils jouer au milieu des jardins, c’est bien de pouvoir profiter de la sérénité de l'endroit.

Agra - Agra fort

 

Mon chauffeur de tuktuk me ramène chez le médecin qui vérifie que tout cicatrise bien (pas d'infection en vue), m'enlève le bandage et me fait la deuxième injection du vaccin contre la rage. Sur le chemin du retour, il insiste pour m'emmener chez des amis vendeurs de bijoux. Je regarde vite fait mais au moment de partir, un des vendeurs me dit : “c’est bizarre, vous ressemblez à la fille dont la photo était dans le journal hier”. Aussitôt, tous les vendeurs, ainsi que les chauffeurs de tuktuk des parages renchérissent : “oui, on vous a reconnu, vous étiez dans le journal !” C'est officiel, je suis une star en Inde à présent.

 

 

 

 

 

 

 

1 février 2019

Delhi et Mathura

Mon vol pour Delhi arrive en pleine nuit, aussi j'ai pris la peine de prévoir un pick-up avec l'hôtel que j'ai réservé. Le chauffeur est effectivement au rdv, le visage totalement emmitouflé dans une écharpe et une grosse doudoune sur le dos. Ça me fait rire, il doit bien faire 12 degrés, alors qu'il neigeait quand j'ai quitté Strasbourg...

J'arrive à l'hôtel à 4h30, le réceptionniste tout comme le garçon d'étage sont en train de roupiller dans le hall, affalés sur une chaise et les pieds sur un bureau. Je les comprends.

Au moment du checking, le réceptionniste m'informe, très sérieusement, que ma chambre est prête. J'ose espérer, à cette heure-ci ! Je la découvre, elle est très bien, même s'il n'y a pas de fenêtre. Je comprendrai plus tard que c'est en fait une bénédiction.

 

Le lendemain, je me lève évidemment tard. Ma mission : trouver le bureau d'information touristique de la gare, qui est à côté de l'hôtel. Normalement, c'est très simple : j'ai un plan, et je sais que ce bureau se trouve au 1er étage, au dessus de la plateforme №1.

A priori, en sortant de l'hôtel, c'est à droite après le pont. Mais un homme m'arrête tout de suite : c'est dangereux par là, il vaut mieux prendre l'escalier pour traverser le pont. Effectivement je vois tout le monde qui passe par là. Bon, je monte les escaliers. Il me suit : il faut aller dans le centre-ville, au bureau d'information touristique, à tel endroit. C'est ça, c'est ça. Je lui dis que je vais faire ça, et le laisse pour continuer ma route. Quelques mètres plus loin, un autre homme m'aborde : pour aller à la gare, il faut aller par là, continuer tout droit... Perplexe, je préfère suivre les panneaux, qui indiquent très bien la gare. Et puis bon sang, je suis juste à côté !

Tout d'un coup, j'entends quelqu'un crier derrière moi : "Mais qu'est-ce que vous faites ici !?" Je me retourne, c'est le premier homme de tout à l'heure. "Vous m'avez suivie ??", je lui demande fort à propos. Il a l'air pris en faute mais se ressaisit vite. "C'est pas par là, maintenant, il va falloir y aller en tuktuk !" et il arrête un tuktuk qui passait par là. Le conducteur me fait aussitôt signe de monter. Hors de question, je les plante là et traverse la rue sans me retourner, sous le regard ahuri du conducteur. Je sens quand même le mec derrière moi qui essaie de dire quelque chose d'un ton suppliant, mais je l'ignore et de toute façon le bruit de la circulation infernale a tôt fait de couvrir sa voix.

Je finis par repérer l'entrée de la gare. Je me faufile parmi la foule, les tuktuk et les vaches. Le problème, c'est que du coup, je suis arrivée par l'arrière de la gare, qui est gigantesque. Je traverse de multiples passerelles, suis les panneaux "tourist information bureau" qui semblent se contredire, finis par trouver un escalier au milieu d'un immeuble en travaux... Tout d'un coup, au milieu de la poussière et des bruits de marteau piqueur, je m'arrête et prends le temps de regarder les murs. Ils sont peints de magnifiques fresques, totalement inattendues.

P1020987

Une fois le bureau trouvé et mon billet de train acheté, je ressors (côté avant, cette fois-ci) et vais me promener dans la rue de main bazar.

J'essaie d'avancer au milieu des multiples motos, tuktuk, rickshaw, et quelques voitures. Le bruit est insupportable, chaque conducteur maintenant son klaxon appuyé en permanence. C'est une cacophonie sans nom.

Comparée à une rue indienne, la place de l'Etoile à Paris est un havre de calme et de sérénité.

Je suis également sollicitée en permanence par tous les vendeurs, ainsi qu'un grand nombre de mendiants. Une femme accompagnée de son petit garçon est particulièrement insistante et voudrait que je lui achète à manger. Je me doute bien qu'elle demande à tous les touristes, mais comme il s'agit de nourriture c'est difficile de refuser.

Je m'arrête dans un petit resto pour prendre un thali. Le serveur chasse gentiment la mendiante en m'expliquant que c'est une professionnelle et qu'elle n'a pas besoin de ça. Elle me retrouve quand je sors du resto. Je finis par lui offrir une omelette (au pain !) préparée dans un petit stand de rue, et je la laisse là.

Un homme me rattrape, et m'explique qu'elle fait ça tous les jours avec les touristes. Je me doute bien, mais ça ne me coûte pas grand chose de lui offrir une omelette. Ce n'est pas parce qu'elle fait ça tous les jours que son fils n'a pas faim.

L'homme en profite pour faire la conversation : combien de temps je reste, d'où je viens, etc. Je n'en reviens pas quand il me dit qu'en France il y des manifestations a cause du prix de l'essence... Il connaît les gilets jaunes ! Il me quitte de lui-même quand je tourne dans une nouvelle rue.

Delhi1

 Nouvelle rue, nouveau chaos. Je suis soulagée quand j'arrive à proximité de l'hôtel, lorsque je me fais à nouveau aborder. "N'allez pas par là, c'est dangereux" Merci, mais c'est par là qu'est mon hôtel."Quel hôtel ?" Le Baladji. "Ah oui, c'est a gauche" Je sais. Le ballet des questions peut commencer : "comment vous appellez vous ? D'où venez-vous ? Vous restez ici combien de temps ?...". Une fois sa curiosité satisfaite, il me souhaite une bonne journée et s'en va. Je rentre dans mon havre de paix et n'en ressors plus de la soirée.

 

Le lendemain je me lève tôt pour aller visiter le fort rouge. Évidemment, sortie de mon hôtel, on m'aborde tout de suite :"où allez-vous ? Je vais vous accompagner. Vous venez d'où ? Vous restez combien de temps en Inde ?...". Je prends le métro et parviens à trouver mon chemin en ressortant. La circulation est dense et cahotique comme d'habitude, et le bruit des klaxons assourdissant.

J'arrive en vue du fort, il est baigné dans une espèce de brume. Brouillard ou pollution ?

J'entre. C'est très grand mais beaucoup de bâtiments sont à l'abandon, c'est dommage. Il y a tout de même de jolies vues.

Delhi fort rouge

 Pas mal de touristes indiens me demandent si je veux bien faire un selfie avec eux. Ce n'est donc pas une légende. J'accepte de bonne grâce et en profite pour demander la même chose à certains d'entre eux, il n'y a pas de raison !

IMG_20190202_102201554

Je repars sous les assauts des rickshaws. De retour à mon hôtel un homme m'aborde et me demande mon nom, d'où je viens, etc. Ils veulent juste discuter, en fait.

 

Je vais chercher mon sac à dos et me dirige vers la gare pour choper mon train à destination de Mathura. Heureusement que je suis déjà venue. J'arrive à repérer ma plateforme (quai), mais ne comprends rien à l'affichage des trains et aux horaires. Rien ne correspond. Je finis par demander à des Indiens, qui me prennent sous leur coupe et s'assurent que je monte dans le bon train et le bon wagon. Je suis en classe sleeper (je ne fais qu'une petite partie d'un long trajet qui inclut plusieurs nuits).De grandes couchettes sont baissées pour former des banquettes de 3 personnes dans un compartiment ouvert de 6 personnes (+ 2 autres personnes de l'autre côté du couloir).

Je me retrouve à partager mon compartiment avec une famille. Ils ont carrément emporté leur repas (divers plats chauds qu'ils se servent dans des assiettes en plastique) et me proposent, m'imposent presque, de partager avec moi. En vérité j'ai faim, j'accepte avec plaisir. On commence à discuter, le père a passé 7 ans en Europe. Il parle bien italien et allemand, un peu anglais et quelques mots de français. La nièce parle parfaitement anglais. Ils partent pour un long voyage, un pèlerinage dans une ville sainte sikh, leur religion. Ils m'expliquent tout ça en détail, ils sont à fond. Ils sont éminemment sympathiques, m'offrent des gâteaux et des chocolats pendant tout le voyage, et s'assurent que je descends au bon arrêt (rien ne les indique). 

 

J'arrive à Mathura. Je suis assaillie par d'aimables conducteurs de rickshaw, qui se font une concurrence bon enfant. "Je t'emmène pour 200 roupies !" "Moi 150!" "100!". Je les arrête: où comptez vous donc m'emmener comme ça ? L'un d'eux a un éclair de lucidité et me demande : "où voulez-vous aller ?" Je réponds: "Agra hôtel". "100 roupies !" se précipite son collègue. Tous ses acolytes le dévisagent, il sent qu'il vient de dire une connerie. Je l'interpelle : "vous savez où se trouve l'Agra hôtel ?" Silence et air coupable. Son collègue intervient :"c'est sur Bengali ghat, 150 roupies !" Bonne réponse, je pars avec lui Ses copains le charient, mais le laissent gagner, c'est de bonne guerre.

Il m'amène à travers les rues cahotiques. J'arrive, la chambre est vraiment très basique, mais j'ai vue sur la rivière Yamouna et l'hôtel est très bien situé pour la cérémonie du soir.

 

Mathura est en effet la ville où serait né Krishna. Chaque soir, les fidèles font une cérémonie en son honneur sur le ghat (escalier descendant jusqu'à la rivière) Vishram.

Justement, c'est censé commencer dans un quart d'heure. Je cherche, d'après Google maps, c'est ici, et il y a bien de grands escaliers mais je ne vois personne. Je demande aux jeunes hommes qui attendent ici. Ils m'invitent à m'asseoir. Il y a quelques bougies sur l'eau, pas beaucoup d'autre activité. Ils essaient de me vendre un tour en bateau, je refuse. L'un d'entre eux me dit timidement à l'oreille : "interested in sex?" Je m'exclame""non!". Il a l'air tout désolé et me demande d'une petite voix : "really? Indian sex?" "Non! Je réponds plus fort. Et ne me pose plus la question !" ""Désolé, désolé", il a l'air tout honteux, pendant que j'en rajoute en lui faisant les gros yeux. Il s'en va en courbant l'échine.

 

J'entends du bruit et de l'agitation pas très loin. Je vais voir la ruelle à côté. Tout au fond, un homme me fait signe de le rejoindre. C'est en fait l'entrée d'un temple. Il me bénit et me met de la poudre sur le front, puis réclame de l'argent. Comme je tique, il me re-bénit, puis une 3eme fois en souriant de toutes ses dents (manquantes). Bon ok, ok, je lui donne quelques roupies puis entre dans le temple, qui est ouvert sur un côté et donne sur le ghat.

Il y a foule. Comme beaucoup filment la cérémonie avec leur portable, je n'hésite pas à sortir mon appareil. Un homme sonne des cloches, très fort, puis de plus en plus rapidement à mesure que monte la ferveur de la foule. D'autres hommes mettent le feu à 3 lampes à huile, et les font tourner dans leurs mains, face au fleuve. Des chants s'élèvent et les cloches s'intensifient. Ils mettent les lampes en feu dans un réceptacle où tout le monde vient se purifier à la fumée.

P1030091

Puis certains descendent sur les marches, chantent, vont chercher de l'eau et s'en recouvrent le visage, la bouche ouverte.

La foule se disperse peu à peu, je me balade encore dans le temple. Je retrouve les lampes, posées dans un coin, qui sont maintenant couvertes de cendre et de poudres diverses. Plusieurs personnes viennent encore se baigner dans leurs effluves. Un des jeunes aides du prêtre vient me demander une participation. J'explique que j'ai déjà donné. Il récupère alors de la cendre et me l'applique sur le front. Aussitôt, le deuxième assistant fait de même. De retour à l'hôtel, je découvre mon front couvert de cendre et de poudres oranges. Me voilà bénie pour un moment.

Je me couche sous trois tonnes de couvertures, il fait très froid la nuit.

 

Le lendemain quand je me réveille il y a un brouillard à couper au couteau. Ça donne à la ville un aspect fantasmagorique, j'aime beaucoup, surtout le long du fleuve.

Je me promène dans les rues animées. Elles sont pleines d'animaux (vaches, macaques, chiens errants, chèvres, ânes, et même des écureuils), de scooters, rickshaws, mobilettes, et quelques voitures. C'est le chaos absolu, les klaxons sont permanents. Dire que la rue indienne est un sacré bordel est un bel euphémisme.

Je retourne régulièrement à l'hôtel me reposer un peu, on ne peut pas affronter ça plus d'une heure et demie sans suffoquer.

J'en profite aussi pour faire une petite balade en barque sur la Yamouna, et pour essayer quelques spécialités culinaires de rue (pas grand chose d'autre à manger de toute façon). C'est étonnamment bon, même si je serais incapable de dire ce qu'il y a dedans. En revanche, les gâteaux sont immangeables, beaucoup trop sucrés. La plupart des Indiens sont amicaux et souriants, me disent bonjour, me demandent de les prendre en photo, ou me proposent de jouer au cricket avec eux.

P1030128

P1030163

P1030146

12 février 2018

Carthagene des Indes, Isla Mucura et Bogota

Je reviens sur ma premiere arrivee a Carthagene. J'avais pris le bus au petit matin depuis Mompox. Cette fois-ci, le chauffeur prend tout son temps, et s'arrete meme  un moment dans un petit village le temps de prendre son petit dejeuner. Cela me permet d'observer, par la fenetre du bus, des scenes probablement typiques de la campagne colombienne. Il y a sur la place du village trois vendeurs de viande, qui ont suspendu leur barbaque sur des crochets entre deux arbres, et decoupent des morceaux a la machette sur une petite table en bois. Il n'y a evidemment aucune mesure d'hygiene elementaire, ils tripotent la viande de leurs mains nues, ne semblent avoir lave la table que tres sommairement, et tous les chiens errants du quartier trainent la, esperant choper un petit bout au passage.

P1000710

 

Nous arrivons a Carthagene avec une heure de retard. Je visite un peu la ville, que je trouve tres jolie mais trop touristique. Il y a trop de monde, trop de voitures... apres Mompox, je ne suis plus habituee. 

P1000731

P1000765

P1000769

P1000716

P1000784

 

Je pars ensuite quelques jours pour le carnaval de Barranquilla.Quand je reviens, ce qui me choque, c´est l´absence de musique. La ville est pourtant tres vivante, mais ou est la musique qui s´echappe en permanence des sonos des restos, boutiques, hotels, supermarches, et les gens qui dansent, partout, tout le temps?

En marchant dans les rues je tombe sur Loic, qui etait dans la meme auberge a Barranquilla. On va boire un verre ensemble et il m´apprend qu´il y avait eu un attentat dans la ville 15 jours avant le carnaval, et que l´ELN avait menace d´en faire un pendant les festivites egalement. Ca ne m´impressionne pas plus que ca, des attentats, il y en a regulierement aussi en France. Mais ca prouve que le pays n´est pas encore tout a fait pacifie.

Dans un registre plus leger, il parait que nous avons eu un mois de fevrier particulierement froid et tous les Colombiens se plaignaient ! Il faisait 30 degres la journee, et 25 la nuit, parfait pour danser...

 

Pour changer totalement de rythme, et aussi pour me reposer un peu avant de rentrer sur Strasbourg, j´ai reserve 3 nuits sur Isla Mucura, une petite ile eloignee de tout, sans meme internet. On y accede apres 2 heures de bateau rapide (sur lequel je choppe un gros coup de soleil). A l´hotel, j´avais reserve une chambre de type ´´backpacker´´, tres basique. Mais comme il y a peu de monde, ils m´ont surclasse en chambre standard. Pour moi, c´est le luxe absolu. un grande chambre privee avec un lit double, une salle de bain attenante, toute propre et rien que pour moi, des produits de toilette a disposition. J´ai vue sur la mer. 

P1000919

 

La plage est a 1 minute a pieds de ma chambre. J´avais apporte mon masque et mon tuba.Il y a peu de poissons tropicaux mais de nombreux bancs de miliers de miniscules poissons argentes, au milieu desquels j´aime beaucoup nager. L´hotel propose des sorties snorkeling un peu plus loin, je ne les ai pas testees.

En revanche, j´ai fait la sortie pour voir le plancton luminescent de nuit. On prend un petit bateau a moteur a la tombee de la nuit, qui nous emmene dans la mangrove. Nous plongeons dans l´eau tiede. Au debut, on ne voit rien. Mais au fur et a mesure que la luminosite baisse, apparaissent les planctons lumineux. Ils sont actives par les mouvements que l´on fait dans l´eau. Ainsi, lorsqu´on bouge son bras, des centaines de points de lumiere accompagnent le mouvement. C´est feerique.

On s´enfonce de plus en plus en plus dans la mangrove. Il fait nuit noire maintenant et on ne voit plus que les points de lumiere dans l´eau et la myriade d´etoiles dans le ciel. Maintenant nos mouvements provoquent toute une trainee lumineuse derriere eux. Je retombe en enfance et me prend pour une heroine de dessin anime aux pouvoirs magiques, dont les mouvements entrainent une pluie d´etoiles scintillantes.

 

Apres 3 jours a buller sur mon ile caribeenne, il est temps de partir pour Bogota.

Le centre-ville me surprend agreablement. Il est en partie pietionnier, couvert de tags dont certains sont magnifiques, et l´atmosphere est tres paisible. Je visite le musee Botero, qui me plait beaucoup.

P1000941

P1000954

P1000963

 

Ainsi s´acheve mon voyage en Colombie, pays de contrastes, qui ne m´a livre qu´une petite partie de ses secrets, tant il faudrait beaucoup plus que 3 semaines pour en decouvrir tous les aspects.

12 février 2018

Barranquilla et son Carnaval

Apres un passage a Carthagene, ou je reviendrai ensuite, je cherche a rejoindre Barranquilla pour assister a son fameux carnaval (le 3eme mondial, apres Rio et Venise). Apres m´etre fait une frayeur gratuite car tout le onde a l´auberge pretendait que tous les bus etaient pleins depuis longtemps et qu´il fallait absolument avoir reserve son billet a l´avance pour pouvoir rejoindre la ville, ce qui s´est revele faux, je debarque le vendredi apres-midi a l´auberge que, pour le coup, j´avais reserve a l´avance il y a quelques mois.

Je vais ensuite faire quelques courses dans le supermarche a cote. La dame qui fait la queue a cote de moi a la caisse engage la conversation et apres m´avoir pose les questions habituelles (d´ou  je viens, combien de temps je voyage, etc), elle me regarde d´un air inquiet et me demande si je suis toute seule. Elle me dit qu´il ne faut surtout pas que j´aille au carnaval toute seule, c´est beaucoup trop dangeureux, il faut toujours que je sois en groupe... Mince, qu´est ce que c´est que cette histoire?

Je rentre a l´auberge et remarque un groupe de personnes qui papotent dans la cour interieure. J´en profite pour aller les voir et me presenter. Evidemment, tout le monde est la pour le carnaval... ca y est, j´ai un groupe avec qui y aller!

 

Le debut du carnaval est officiellement demain, mais des ce soir il y a une premiere fete de rue, Baila la Calle. Nous y allons ensemble.

Une grande avenue est transformee en piste de danse. L´acces est securise par des barrieres, et une service de securite fouille les sacs avant de nous laisser entrer. Il y a des policiers partout. Tout cela semble tres sur.

Nous rentrons et decouvrons notre premiere soiree de carnaval. Il y a beaucoup de monde, beaucoup de musique (des dj´s, des groupes live...) et surtout une ambiance de folie. Tout le monde danse ensemble, les Colombiens viennent vers nous et nous invitent a se joindre a eux, c´est tres convivial. Il y a aussi les bonnes vieilles traditions de carnaval : on se lance de la farine et de la mousse (vendue sur place - elle sent le chewing gum et ne pique pas les yeux, c´est pas mal) a la figure en permanence.

IMG_1483

IMG_1490

IMG_1492

Nous nous amusons beaucoup mais c´est vrai quíl faut se mefier : sur notre groupe de 12, une fille s´est fait voler son portefeuille et un garcon son telephone. Moi, j´ai bien fait d´ecouter les conseils qu´un Colombien rencontre dans le bus m´avait donne : ne rien avoir sur soi, a part  un peu d´argent cache dans le soutien gorge (les photos de la soiree sont de Daniel, un Neerlandais qui avait apporte son appareil et a eu la chance de ne pas se le faire piquer).

Le lendemain, nous nous levons difficilement et cherchons a savoir comment aller voir la grande parade qui se deroulera cet apres midi. L´auberge vend des billets pour les palcos, des gradins qui sont assez chers mais ont l´avantage d´etre a l´ombre, dotes de toilettes et bien places pour voir le defile. Nous reservons des sieges.

Sur place, ici aussi, l´ambiance est a la fete. Tout le monde se lance de la mousse et de la farine. Il ne faut surtout pas hesiter a arroser le gentil monsieur respectable ou la petite mamie de la rangee d´a cote : ca les fera beaucoup rire, et de toute facon, bientot, c´est eux qui viendront vous recouvrir de mousse en rigolant.

P1000807

Le defile commence par la presentation des differents services de la ville (pompiers, policiers, nettoyeurs de rue...). Ce sont de loin les policiers qui sont le plus applaudis, la foule se leve meme sur leur passage.

La parade proprement dite presente un melange de chars colores, de danses en costumes traditionnels, et de defiles de toutes sortes, plus ou moins humoristiques (theme animaux de la jungle, Predator, ou bien par exemple le pape qui fait coucou, entoure de cardinaux qui dansent une cumbia endiablee).

P1000848

P1000858

P1000892

P1000903

Nous rentrons a l´auberge, ils ont installe une sono dans le jardin et la musique est a fond. Au moins c´est clair, tout le monde est la pour faire la fete, pas le choix.

Dans la petite gargote juste en face, la musique est aussi a fond (il ne faut pas se tenir au milieu de la rue sous peine de schizophrenie auditive), et tous les clients sont en train de danser. Plusieurs touristes de l´auberge commencent a les rejoindre, bientot suivis par leurs copains. Finalement, on se retourve tous la, a danser comme des fous, au milieu des Colombiens qui cherchent a nous apprendre les pas et les dehanches, et chantent toutes les chansons par coeur. Pas moyen d´y echapper : quelques personnes voulaient juste s`assoir a une table et profiter du spectacle, mais les Colombiens ne l´entendent pas de cette oreille. Tout le monde doit danser, au moins sur une chanson, mais il n´est pas envisageable de ne pas participer. Et ils ne comprennent meme pas le concept de ne pas aimer ou ne pas savoir danser. Pour eux, c´est inconcevable.

P1000910

 

Nous decidons ensuite de retourner a Baila la Calle. Sur la route (environ une demi-heure a pieds), nous devons demander plusieurs fois notre chemin, car ce n´est pas facile de se reperer. Nous passons notamment devant un magasin devant lequel une demi-douzaine d´employes sont assis, en train d´ecouter de la musique. En voyant ce groupe de gringos, ils ne resistent pas a la tentation et nous invitent a danser avec eux, tout en papotant pour savoir d´ou nous venons. Une petite mamie notamment est particulierement redoutable : c´est une prof de danse exigeante, qui ne veut pas nous lacher tant que nous ne bougeons pas les jambers exactement comme il faut. Elle a toute la patience du monde, mais ce n´est clairement pas possible de nous laisser danser aussi mal.

Nous finissons par les quitter et atteignons le lieu des festivites. Mais il y a un monde fou et la police nous indique que c´est plein, et ils ne laissent plus rentrer personne pour des raisons de securite.

Dans beaucoup d´autres pays, cela aurait enerve la foule, et cela aurait pu degenerer. Mais en Colombie, on a le sens pratique : il n´y a plus de place pour la danse dans la rue? Qu´importe, nous allons danser dans la rue d´en face! Ainsi, un festival de danse non officiel s´organise : chacun ramene sa sono, les boutiques de la rue mettent les leurs a fond, les vendeurs ambulants s´installent la, et c´est parti pour une nuit de folie a danser jusqu´a l´epuisement!

 

Le lendemain matin (midi), nous nous levons, de moins en mois frais a mesure que le carnaval avance.

Plusieurs personnes renoncent a aller voir la parade du jour. Avec Sarah, une copine belge, nous sommes cependant motivees, et decidons d´aller voir, avec certes 2 heures de retard car il faut le temps d´emerger. Mais les organisateurs devaient avoir fait la fete eux aussi car le defile commence a peine quand nous arrivons. Cette fois-ci, nous ne montons pas dans les gradins, mais decidons de rester en bas, sur des petites chaises en plastique installees sur les trottoirs et louees une bouchee de pain par des vendeurs de rue. Nous sommes clairement les seules touristes a cet endroit la. Eh bien c´est super sympa. Deja, nous discutons (et dansons, evidemment) avec les Colombiens assis a cote de nous. Et puis les personnes du defile viennent nous voir aussi, font quelques pas de danse avec nous de l´autre cote des barrieres, nous arrachent un bisou, ou nous font simplement de grands sourires et des clins d´oeil. Conclusion, il vaut mille fois mieux etre avec le peuple qu´avec les VIP!

 

C´est notre derniere soiree et nous retournons une fois de plus a Baila la Calle. Ce soir, nous sommes bien decides a rentrer. Mais une fois sur place, nous decouvrons une longue file d´attente. Ils font rentrer les gens au compte-goutte. Qu´importe, nous sommes motives, nous patientons.

Au bout d´un long moment, la police annonce au haut-parleur qu´il y a deja trop de monde a l´interieur, et qu´ils ne laisseront plus rentrer personne de la soiree. Un peu degoutes, nous nous dirigeons vers la rue d´en face, pour aller a la soiree officieuse comme la veille. Mais nous sommes interpelles par 3 jeunes Colombiens qui faisaient la queue a cote de nous : ils connaissent un autre endroit ou danser, est-ce que ca nous interesse? Piques par la curiosite, nous les suivons. Ce faisant, nous passons par le boulevard parallele a celui dans lequel se deroule la fete officielle. Nous nous arretons devant une petite rue transversale, voyant les gens danser a une centaine de metre de nous, mais impossible de les rejoindre a cause des barrieres bien gardees par des policiers intransigeants. Du moins le croyons-nous.

Nous sommes abordes par une femme qui nous dit qu´elle habite cette rue et a donc l´autorisation d´y acceder. Pour 5000 pesos (1,80 euros), elle nous fait entrer en disant que nous sommes des amis venus lui rendre visite. Nous hesitons. Un des Colombiens prend son numero de telephone. Nous avancons, puis finissons par reconnaitre que pour le prix, ce serait dommage de s´en priver. On appelle donc la dame, puis retournons devant la barriere pour la rejoindre. Elle arrive bientot, un bebe dans les bras. J´ai adore ce petit detail qui en rajoutait une couche dans le genre ¨je suis une mere de famille respectable, monsieur le policier, vous pouvez me faire confiance¨. Elle explique donc au flic qui garde la barriere que nous sommes ses amis et qu´il doit nous laisser passer. Il nous regarde un instant, nous n´ouvrons surtout pas la bouche mais nous disons tous que c´est tellement gros que ca ne passera jamais. Mais finalement il nous fait un grand sourire et nous ouvre largement la barriere. Nous passons en retenant un fou-rire. Et dire que Sarah et moi nous disions justement tout a l´heure que nous etions decues de ne pas pouvoir rentrer, nais qu´au moins cela prouvait que tout etait securise, qu´ils controlaient le nombre d´entrees et que l´on pouvait avoir toute confiance dans leur dispositif...

 

Une fois rentres, finalement il n´y a pas tant de monde que ca, en tout cas pas plus que le premier soir. Mais il y a toujours une ambiance dingue. Contrairement a ce qui se passe chez nous en Europe, tout le monde se melange. On ne reste pas a danser avec ceux qu´on connait. Non, tout le monde se joint au groupe et nous-meme pouvons nous melanger a n´importe quel autre groupe. On danse tous ensemble, ou bien en couples temporaires. Tout cela dans la bonne humeur et dans une atmosphere tres bon enfant. Personne n´est mis de cote et il est impensable d´etre un peu isole, quelqu´un viendra immediatement vous chercher pour danser avec vous ou vous integrer a l´ensemble de danseurs. C´est extremement convivial.

 

Lorsque nous rentrons, epuises, a l´auberge, il y a encore bien evidemment la musique a fond, dans le jardin, dans le resto d´en face, dans la rue. Et tout le monde qui danse a n´en plus finir.

8 février 2018

Santa Cruz de Mompox

Je prends un nouveau bus de nuit pour faire le trajet Medellin - Mompox. J'arrive à dormir pas trop mal.

J'arrive a 9h du matin (au lieu de midi, decidemment ils aiment bien prevoir large). J'avais repere sur internet la seule auberge de jeunesse de la ville. Je m'y rends. Le type de l'accueil est tres sympa mais il ne parle pas un mot d'anglais. Il me montre quand meme le dortoir. Je m'enquiers du prix et lui propose de payer tout de suite, mais il me dit qu'on verra ca plus tard.

Je prends une douche rapide puis vais me balader avant les trop grosses chaleurs. Ici il fait facilement 40 degres a l'ombre en pleine journee.

Mompox est une petite ville coloniale tres isolee, et donc relativement epargnee du tourisme. Sa specialite est le travail de l'argent avec une technique qu'ils appellent filigrane, c'est a dire des fils d'argent tres fins qui sont utilises pour faire des bijoux. On trouve plusieurs ateliers artisanaux en ville.

IMG_20180206_101317302

 

La deuxieme specialite, ce sont les fauteuils a bascule. Cela s'accorde parfaitement avec l'atmosphere caniculaire et tres tranquille de la ville.

P1000651 (1)

 

Je rentre au dortoir et fais la connaissance de Nadia, une Anglaise qui vient de passer un an en Colombie, comme prof d'anglais dans un programme d'aide au developpement du pays.

On discute un peu puis vers 16h j'ose repointer le nez dehors, sous un soleil un peu moins aveuglant. Il y a deja un peu plus de vie dans les rues.

P1000656

P1000634

P1000626

Nous allons ensuite au resto Nadia et moi. Elle me raconte un peu son annee dans le pays. Ses eleves n'avaient pas un niveau terrible. Il faut dire qu'ici, on prend l'ecole ''tranquilo'', comme le reste. Pas de pression. Il y a tout le temps des evenements ou des festivites auxquels participent les eleves au lieu d'aller en cours, tout le monde discute en classe et c'est parfaitement normal, et cette annee les profs ont fait greve pendant 5 semaines entieres pour reclamer de meilleures conditions de travail et une augmentation de salaire, ce qui pour le coup est legitime.

Dans leur systeme, les eleves ne passent pas systematiquement dans la classe superieure, mais redoublent s'ils n'ont pas atteint le niveau. Le probleme est qu'il n'y a pas de nombre limite de redoublements, et qu'ils sont assez frequents. Elle avait donc des types de 17, 18 et 19 ans dans sa classe d'eleves de 13 ans... Ce doit etre epouventable d'assister toujours aux memes cours 5 ou 6 annees de suite... Nadia pense qu'ils restent quand meme car en sortant du systeme scolaire ils devront faire leur service militaire, qui dure 2 ans si l'on n'a pas de diplome, contre seulment 1 an si on en possede. Il attendent peut etre egalement la fin des negociations de paix, car le gouvernement a laisse entendre que le service militaire serait supprime si elles aboutissaient.

Elle me raconte aussi un peu sa vie au quotidien, ces petits details amusants sur les habitudes colombiennes. Par exemple, ils adorent leurs chiens (je l'avais deja remarque), et ne manquent pas une occasion de les habiller, leur peindre les griffes de couleur assortie, les deguiser pour Halloween ou Carnaval. Le dimanche, ils les promenent dans des parcs ou des vendeurs de glaces pour chiens leur proposent toutes sortes de parfums specialement adaptes a leur gout.

Ils ont aussi de droles d'habitudes. Ainsi, la plupart n'ont pas les moyens d'avoir une machine a laver. Mais au lieu d'aller dans une laverie, il faut louer la machine a la journee. Un type vous l'amene chez vous (a une heure normalement fixee a l'avance mais en pratique jamais respectee, il faut donc attendre qu'il veuille bien se presenter), la branche ou il peut et vient la recuperer le soir meme. C'est le systeme le moins pratique dont j'ai jamais entendu parler. Et vu le prix de la location, un achat serait vite rentabilise...

 

Le lendemain je me leve tot pour profiter de la fraicheur. Je vais visiter leur joli cimetiere, avec ses fleurs eclatantes de couleur au milieu des tombes blanches.

IMG_20180206_093920976

IMG_20180206_093434988

De retour a l'auberge, je veux reserver pour cet apres-midi un tour en bateau sur le fleuve Magdalena qui longe la ville. Le receptionniste me demande de revenir a 13h, quand son collegue sera la. Pas de probleme.

Je vais buller un peu dans le dortoir climatise puis ressort a 13h. Personne a l'accueil. Je reessaie 1/4 heure plus tard, toujours personne... Le tour est a 15h et il faut marcher une bonne vingtaine de minutes pour arriver au point de rdv.... A 14h je vois enfin qulqu'un au bureau d'accueil. Un nouveau. Je vais le voir, incroyable il parle anglais! Je suis toute contente, mais il m'explique qu'il ne travaille pas ici, que c'est juste un ami passe donner un coup de main. Le receptionniste de l'apres midi est train de dormir dans sa chambre. Il propose d'aller le reveiller. Je patiente. Au bout d'un moment il revient, desole : impossible de le reveiller, il doit avoir trop bu. Je lui demande s'il ne peut pas quand meme s'occuper du tour en bateau mais il ignore totalement quoi faire qui prevenir... Il cherche un moment parmi les papiers etales sur le bureau, trouve ce qui ressemble a un carnet de reservations, mais ne sait pas quoi faire a partir de la. Bon tant pis, je vais y aller quand meme, je me presenterai et je verrai bien si on me trouve un place sur le bateau.

Au final, cela ne change rien, puisque j'arrive avec Nadia qui elle, avait pu reserve, mais ils ne verifient pas son nom et nous vendent a toutes les 2 un ticket juste avant l'embarquement.

Le tour est tres sympa. On s'enfonce dans les mangroves, on longe des petits villages, voit pas mal d'enfants sur les berges dont certaines pechent au filet, et on a la chance de croiser beaucoup d'oiseaux et pas mal d'iguanes. Il y a un arret au milieu du fleuve pour nous permettre de nous baigner, et meme si l'eau est toute boueuse, sa temperature est merveilleusement agreable.

P1000683

P1000669

P1000667

P1000690

P1000694

P1000698 (1)

 

 

Apres etre alle mange avec Nadia, je rentre a l'auberge et cherche a parler avec le receptionniste du moment. En effet demain matin je vais partir a 5h30 pour choper le bus de 6h pour Carthagene, et je doute qu'a cette heure-ci quelqu'un sera debout pour faire mon check-out.

Cette fois ci ils sont 2, une fille et un monsieur d'un certain age. Je leur explique la situation, mais ils m'assurent tous ls 2 que je pourrai payer demain, et ils refusent de s'en occuper maintenant. Je rentre au dortoir en expliquant a Nadia que decidemment ils ne veulent pas de mon argent. Selon elle, presonne dans cet etablissement n'a la moindre idee de ce qu'il fait et comment il doit le faire (les proprietaires ont change recemment), donc des qu'ils faut faire quelque chose, meme recolter de l'argent, ils disent de revenir plus tard, en esperant qu'un collegue fera le necessaire. Notre voisin du lit d'a-cote nous confirme : il n'avait paye qu'une nuit sur les 2 qu'il passe ici, et quand il a voulu payer la 2eme, on lui a assure que c'etait deja fait. Il a eu beau protester, c'etait ce qu'il y avait indique dans leur registre. Il a donc eu une nuit gratuite.

Je fais la connaissance d'un Francais qui vient d'arriver dans notre dortoir. Cela fait un moment qu'il voyage (emmenant partout son eternel drapeau breton), souvent sous sa tente, de temps en temps dans des auberges de jeunesse pour passer des nuits plus reposantes.

Nous n'avons pas le temps de discuter plus longtemps que le receptionniste du soir debarque, un peu affole, et nous demande combien de personnes dorment dans cette chambre. Nous lui repondons qu'il doit mieux savoir que nous et que nous ne savons pas forcement qui est venu s'installer en notre absence mais n'est pas present dans la chambre au moment present. Il entreprend donc de compter les sacs a dos et les lits defaits, en conclut que le dortoir est plein et que le Francais, dernier arrive, doit partir. En effet, quelqu'un d'autre aurait resreve son lit. Il prend ca avec philosophie et va monter sa tente dans le jardin.

 

Je vais me coucher tot car la nuit sera courte.

Le lendemain matin, quand le reveil sonne a 5 heures, je suis a moitie dans les vapes, mais j'ai tout de meme les yeux suffisamment ouverts pour remarquer que le dernier lit est reste vide toute la nuit et que notre compagnon a passe la nuit sous la tente pour rien.

Je me prepare puis me dirige vers la sortie, mon gros sac sur le dos. Evidemment, il n'y a personne a la reception. J'ai un bus a prendre et pas le temps de courir partout chercher qulqu'un a reveiller pour que je puisse lui regler ma facture. Tant pis, je pars sans payer.

Je suis donc officiellement une deliquante, et dans un pays comme celui-ci, ca craint. Les prisons ne doivent pas etre sympas. Il est grand temps que je quitte la ville avant qu'ils ne lancent la police a mes trousses...

Publicité
Publicité
1 2 > >>
Elsa's Trips
Publicité
Archives
Albums Photos
Publicité