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Elsa's Trips
1 février 2019

Delhi et Mathura

Mon vol pour Delhi arrive en pleine nuit, aussi j'ai pris la peine de prévoir un pick-up avec l'hôtel que j'ai réservé. Le chauffeur est effectivement au rdv, le visage totalement emmitouflé dans une écharpe et une grosse doudoune sur le dos. Ça me fait rire, il doit bien faire 12 degrés, alors qu'il neigeait quand j'ai quitté Strasbourg...

J'arrive à l'hôtel à 4h30, le réceptionniste tout comme le garçon d'étage sont en train de roupiller dans le hall, affalés sur une chaise et les pieds sur un bureau. Je les comprends.

Au moment du checking, le réceptionniste m'informe, très sérieusement, que ma chambre est prête. J'ose espérer, à cette heure-ci ! Je la découvre, elle est très bien, même s'il n'y a pas de fenêtre. Je comprendrai plus tard que c'est en fait une bénédiction.

 

Le lendemain, je me lève évidemment tard. Ma mission : trouver le bureau d'information touristique de la gare, qui est à côté de l'hôtel. Normalement, c'est très simple : j'ai un plan, et je sais que ce bureau se trouve au 1er étage, au dessus de la plateforme №1.

A priori, en sortant de l'hôtel, c'est à droite après le pont. Mais un homme m'arrête tout de suite : c'est dangereux par là, il vaut mieux prendre l'escalier pour traverser le pont. Effectivement je vois tout le monde qui passe par là. Bon, je monte les escaliers. Il me suit : il faut aller dans le centre-ville, au bureau d'information touristique, à tel endroit. C'est ça, c'est ça. Je lui dis que je vais faire ça, et le laisse pour continuer ma route. Quelques mètres plus loin, un autre homme m'aborde : pour aller à la gare, il faut aller par là, continuer tout droit... Perplexe, je préfère suivre les panneaux, qui indiquent très bien la gare. Et puis bon sang, je suis juste à côté !

Tout d'un coup, j'entends quelqu'un crier derrière moi : "Mais qu'est-ce que vous faites ici !?" Je me retourne, c'est le premier homme de tout à l'heure. "Vous m'avez suivie ??", je lui demande fort à propos. Il a l'air pris en faute mais se ressaisit vite. "C'est pas par là, maintenant, il va falloir y aller en tuktuk !" et il arrête un tuktuk qui passait par là. Le conducteur me fait aussitôt signe de monter. Hors de question, je les plante là et traverse la rue sans me retourner, sous le regard ahuri du conducteur. Je sens quand même le mec derrière moi qui essaie de dire quelque chose d'un ton suppliant, mais je l'ignore et de toute façon le bruit de la circulation infernale a tôt fait de couvrir sa voix.

Je finis par repérer l'entrée de la gare. Je me faufile parmi la foule, les tuktuk et les vaches. Le problème, c'est que du coup, je suis arrivée par l'arrière de la gare, qui est gigantesque. Je traverse de multiples passerelles, suis les panneaux "tourist information bureau" qui semblent se contredire, finis par trouver un escalier au milieu d'un immeuble en travaux... Tout d'un coup, au milieu de la poussière et des bruits de marteau piqueur, je m'arrête et prends le temps de regarder les murs. Ils sont peints de magnifiques fresques, totalement inattendues.

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Une fois le bureau trouvé et mon billet de train acheté, je ressors (côté avant, cette fois-ci) et vais me promener dans la rue de main bazar.

J'essaie d'avancer au milieu des multiples motos, tuktuk, rickshaw, et quelques voitures. Le bruit est insupportable, chaque conducteur maintenant son klaxon appuyé en permanence. C'est une cacophonie sans nom.

Comparée à une rue indienne, la place de l'Etoile à Paris est un havre de calme et de sérénité.

Je suis également sollicitée en permanence par tous les vendeurs, ainsi qu'un grand nombre de mendiants. Une femme accompagnée de son petit garçon est particulièrement insistante et voudrait que je lui achète à manger. Je me doute bien qu'elle demande à tous les touristes, mais comme il s'agit de nourriture c'est difficile de refuser.

Je m'arrête dans un petit resto pour prendre un thali. Le serveur chasse gentiment la mendiante en m'expliquant que c'est une professionnelle et qu'elle n'a pas besoin de ça. Elle me retrouve quand je sors du resto. Je finis par lui offrir une omelette (au pain !) préparée dans un petit stand de rue, et je la laisse là.

Un homme me rattrape, et m'explique qu'elle fait ça tous les jours avec les touristes. Je me doute bien, mais ça ne me coûte pas grand chose de lui offrir une omelette. Ce n'est pas parce qu'elle fait ça tous les jours que son fils n'a pas faim.

L'homme en profite pour faire la conversation : combien de temps je reste, d'où je viens, etc. Je n'en reviens pas quand il me dit qu'en France il y des manifestations a cause du prix de l'essence... Il connaît les gilets jaunes ! Il me quitte de lui-même quand je tourne dans une nouvelle rue.

Delhi1

 Nouvelle rue, nouveau chaos. Je suis soulagée quand j'arrive à proximité de l'hôtel, lorsque je me fais à nouveau aborder. "N'allez pas par là, c'est dangereux" Merci, mais c'est par là qu'est mon hôtel."Quel hôtel ?" Le Baladji. "Ah oui, c'est a gauche" Je sais. Le ballet des questions peut commencer : "comment vous appellez vous ? D'où venez-vous ? Vous restez ici combien de temps ?...". Une fois sa curiosité satisfaite, il me souhaite une bonne journée et s'en va. Je rentre dans mon havre de paix et n'en ressors plus de la soirée.

 

Le lendemain je me lève tôt pour aller visiter le fort rouge. Évidemment, sortie de mon hôtel, on m'aborde tout de suite :"où allez-vous ? Je vais vous accompagner. Vous venez d'où ? Vous restez combien de temps en Inde ?...". Je prends le métro et parviens à trouver mon chemin en ressortant. La circulation est dense et cahotique comme d'habitude, et le bruit des klaxons assourdissant.

J'arrive en vue du fort, il est baigné dans une espèce de brume. Brouillard ou pollution ?

J'entre. C'est très grand mais beaucoup de bâtiments sont à l'abandon, c'est dommage. Il y a tout de même de jolies vues.

Delhi fort rouge

 Pas mal de touristes indiens me demandent si je veux bien faire un selfie avec eux. Ce n'est donc pas une légende. J'accepte de bonne grâce et en profite pour demander la même chose à certains d'entre eux, il n'y a pas de raison !

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Je repars sous les assauts des rickshaws. De retour à mon hôtel un homme m'aborde et me demande mon nom, d'où je viens, etc. Ils veulent juste discuter, en fait.

 

Je vais chercher mon sac à dos et me dirige vers la gare pour choper mon train à destination de Mathura. Heureusement que je suis déjà venue. J'arrive à repérer ma plateforme (quai), mais ne comprends rien à l'affichage des trains et aux horaires. Rien ne correspond. Je finis par demander à des Indiens, qui me prennent sous leur coupe et s'assurent que je monte dans le bon train et le bon wagon. Je suis en classe sleeper (je ne fais qu'une petite partie d'un long trajet qui inclut plusieurs nuits).De grandes couchettes sont baissées pour former des banquettes de 3 personnes dans un compartiment ouvert de 6 personnes (+ 2 autres personnes de l'autre côté du couloir).

Je me retrouve à partager mon compartiment avec une famille. Ils ont carrément emporté leur repas (divers plats chauds qu'ils se servent dans des assiettes en plastique) et me proposent, m'imposent presque, de partager avec moi. En vérité j'ai faim, j'accepte avec plaisir. On commence à discuter, le père a passé 7 ans en Europe. Il parle bien italien et allemand, un peu anglais et quelques mots de français. La nièce parle parfaitement anglais. Ils partent pour un long voyage, un pèlerinage dans une ville sainte sikh, leur religion. Ils m'expliquent tout ça en détail, ils sont à fond. Ils sont éminemment sympathiques, m'offrent des gâteaux et des chocolats pendant tout le voyage, et s'assurent que je descends au bon arrêt (rien ne les indique). 

 

J'arrive à Mathura. Je suis assaillie par d'aimables conducteurs de rickshaw, qui se font une concurrence bon enfant. "Je t'emmène pour 200 roupies !" "Moi 150!" "100!". Je les arrête: où comptez vous donc m'emmener comme ça ? L'un d'eux a un éclair de lucidité et me demande : "où voulez-vous aller ?" Je réponds: "Agra hôtel". "100 roupies !" se précipite son collègue. Tous ses acolytes le dévisagent, il sent qu'il vient de dire une connerie. Je l'interpelle : "vous savez où se trouve l'Agra hôtel ?" Silence et air coupable. Son collègue intervient :"c'est sur Bengali ghat, 150 roupies !" Bonne réponse, je pars avec lui Ses copains le charient, mais le laissent gagner, c'est de bonne guerre.

Il m'amène à travers les rues cahotiques. J'arrive, la chambre est vraiment très basique, mais j'ai vue sur la rivière Yamouna et l'hôtel est très bien situé pour la cérémonie du soir.

 

Mathura est en effet la ville où serait né Krishna. Chaque soir, les fidèles font une cérémonie en son honneur sur le ghat (escalier descendant jusqu'à la rivière) Vishram.

Justement, c'est censé commencer dans un quart d'heure. Je cherche, d'après Google maps, c'est ici, et il y a bien de grands escaliers mais je ne vois personne. Je demande aux jeunes hommes qui attendent ici. Ils m'invitent à m'asseoir. Il y a quelques bougies sur l'eau, pas beaucoup d'autre activité. Ils essaient de me vendre un tour en bateau, je refuse. L'un d'entre eux me dit timidement à l'oreille : "interested in sex?" Je m'exclame""non!". Il a l'air tout désolé et me demande d'une petite voix : "really? Indian sex?" "Non! Je réponds plus fort. Et ne me pose plus la question !" ""Désolé, désolé", il a l'air tout honteux, pendant que j'en rajoute en lui faisant les gros yeux. Il s'en va en courbant l'échine.

 

J'entends du bruit et de l'agitation pas très loin. Je vais voir la ruelle à côté. Tout au fond, un homme me fait signe de le rejoindre. C'est en fait l'entrée d'un temple. Il me bénit et me met de la poudre sur le front, puis réclame de l'argent. Comme je tique, il me re-bénit, puis une 3eme fois en souriant de toutes ses dents (manquantes). Bon ok, ok, je lui donne quelques roupies puis entre dans le temple, qui est ouvert sur un côté et donne sur le ghat.

Il y a foule. Comme beaucoup filment la cérémonie avec leur portable, je n'hésite pas à sortir mon appareil. Un homme sonne des cloches, très fort, puis de plus en plus rapidement à mesure que monte la ferveur de la foule. D'autres hommes mettent le feu à 3 lampes à huile, et les font tourner dans leurs mains, face au fleuve. Des chants s'élèvent et les cloches s'intensifient. Ils mettent les lampes en feu dans un réceptacle où tout le monde vient se purifier à la fumée.

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Puis certains descendent sur les marches, chantent, vont chercher de l'eau et s'en recouvrent le visage, la bouche ouverte.

La foule se disperse peu à peu, je me balade encore dans le temple. Je retrouve les lampes, posées dans un coin, qui sont maintenant couvertes de cendre et de poudres diverses. Plusieurs personnes viennent encore se baigner dans leurs effluves. Un des jeunes aides du prêtre vient me demander une participation. J'explique que j'ai déjà donné. Il récupère alors de la cendre et me l'applique sur le front. Aussitôt, le deuxième assistant fait de même. De retour à l'hôtel, je découvre mon front couvert de cendre et de poudres oranges. Me voilà bénie pour un moment.

Je me couche sous trois tonnes de couvertures, il fait très froid la nuit.

 

Le lendemain quand je me réveille il y a un brouillard à couper au couteau. Ça donne à la ville un aspect fantasmagorique, j'aime beaucoup, surtout le long du fleuve.

Je me promène dans les rues animées. Elles sont pleines d'animaux (vaches, macaques, chiens errants, chèvres, ânes, et même des écureuils), de scooters, rickshaws, mobilettes, et quelques voitures. C'est le chaos absolu, les klaxons sont permanents. Dire que la rue indienne est un sacré bordel est un bel euphémisme.

Je retourne régulièrement à l'hôtel me reposer un peu, on ne peut pas affronter ça plus d'une heure et demie sans suffoquer.

J'en profite aussi pour faire une petite balade en barque sur la Yamouna, et pour essayer quelques spécialités culinaires de rue (pas grand chose d'autre à manger de toute façon). C'est étonnamment bon, même si je serais incapable de dire ce qu'il y a dedans. En revanche, les gâteaux sont immangeables, beaucoup trop sucrés. La plupart des Indiens sont amicaux et souriants, me disent bonjour, me demandent de les prendre en photo, ou me proposent de jouer au cricket avec eux.

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Commentaires
B
Je comprends même pas comment tu as pu refuser aussi sec de "l'indian sex" ?! :-))<br /> <br /> Je vois que tu gères parfaitement, ça me rassure et comme d'habitude, j'adore te lire ! J'ai hâte d'avoir la suite !!!!<br /> <br /> Bises
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M
Tu as l'air de bien t'amuser. Routarde, hein ! <br /> <br /> On est tout de suite plongé dans l'ambiance.<br /> <br /> Mam
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C
Ambiance effervescente, merci du partage, c’est un voyage par procuration ;) Plus facile de « lire » le bruit que de l’entendre ! Bonnes pérégrinations poulette 😊
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N
Blog enfin de retour !!!! ça m'avait manqué ! <br /> <br /> Et bien il faut être patiente en Inde... Je suis pas sûre que j'aurais été aussi zen que toi face à toutes ces sollicitations ! Et du coup, pourquoi était-ce une bénédiction de ne pas avoir de fenêtre dans ton premier hôtel ? Hâte de lire la suite !!!! biiiiises Nath
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