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Elsa's Trips
21 février 2019

Jaisalmer, encore

Happy m'attend à l'arrivée du bus. Il a réservé pour moi une chambre dans l'hôtel de son cousin, qui est un très bel endroit.

 

Il l'emmène vers le stade à l'extérieur de la ville où se déroulent les festivités du jour, dans le cadre du Desert Festival.

Nous profitons des différentes attractions. Tout d'abord, un concours de force avec du tirage de corde (je ne sais pas comment cela s'appelle exactement). Il y a deux équipes : les Indiens contre les étrangers (des volontaires piochés dans le public). On commence par les hommes, les étrangers gagnent. Puis vient le tour des femmes, ce sont également les étrangères qui gagnent. C'en est trop pour le présentateur, qui explique doctement que c’est à cause des saris, qui sont trop lourds et désavantagent les Indiennes.

On enchaîne avec du polo à dos de chameau, de la lutte, y compris féminine (d'ailleurs les lutteuses sont en vraie tenue sportive, c'est-à-dire une combinaison moulante, je suis très surprise), et diverses acrobaties à dos de chameau.

Jaisalmer desert festival

Jaisalmer desert festival

 

Le lendemain nous passons une partie de la matinée dans la petite échoppe de Happy. J'en profite pour discuter avec son petit cousin, qui est employé comme vendeur ici. Il a 19 ans, n'a pas trop suivi l'école, mais espère un jour pouvoir ouvrir sa propre boutique. Il doit cependant faire des économies, car il ne gagne que 5000 roupies par mois (Happy lui paye aussi ses repas), soit 66 euros… Il s'empresse d'ajouter que Happy est un gentil patron, ce que je crois volontiers, mais on sent quand même qu'il y a un respect très marqué, voire une sorte de servitude naturelle : il lui apporte à boire puis rince son verre, fait toutes sortes de petites courses pour lui, range les vêtements que Happy sort… et tout cela paraît extrêmement normal pour eux.

 

Cet après-midi c’est le dernier jour du festival et il a lieu à 45km d'ici, dans le désert, sur le site très touristique de Sam Dunes. Happy, qui sait que j'apprécie les cocktails, me propose d'amener de quoi en préparer puis en boire dans la soirée. Je peux difficilement refuser une telle offre.

Il me propose tout d'abord un mojito, mais quand j'apprends qu'il veut mettre du coca dedans, je ne peux supporter une telle hérésie. Du jus de fruit avec du rhum, ça ira très bien. Les cocktails, ce n’est manifestement pas leur spécialité, ici. En revanche, je suis étonnée d'apprendre que le pays produit son propre rhum. Happy part en chercher, ce qui lui prend un certain temps. Quand il revient, il est tout fier de me montrer la bouteille, mais insiste pour le faire en cachette. Je comprends mieux pourquoi quand il m'explique que le rhum local est souvent coupé avec des substances dangereuses, et que le seul qui soit fiable est celui produit par l'armée. Oui, l'armée produit son propre rhum, et d'ailleurs, sur la bouteille il est bien précisé que seul le personnel de l'armée a le droit de la posséder. Happy a pu l'obtenir grâce à son frère militaire.

Rhum

Nous nous rendons donc aux dunes de Sam, où nous assistons à des courses de chameau.

Puis nous partons nous promener dans les dunes elles-mêmes (effectivement très touristiques, on peut y faire des safaris, je suis bien contente de ne pas avoir choisi cette option et d'avoir passé ma nuit dans le désert loin de toute civilisation).

Jaisalmer desert festival

Jaisalmer desert festival

Nous nous installons dans un endroit plus ou moins tranquille et dégustons nos cocktails.

Happy et moi + des cocktails

 

Peu à peu la foule s'en va pour aller assister au concert du soir, que l'on voit de loin. Nous nous attardons un peu pour profiter de la tranquillité. Tout d'un coup débarquent cinq policiers, qui interpellent Happy très agressivement (je précise que nous avions rangé le rhum depuis longtemps). Il y en a même un qui lui met une belle tape derrière la nuque, et l'autre fait claquer son bâton de manière menaçante.

J'essaie de les interpeller mais ils me parlent à peine. Finalement Happy parvient à les faire partir en leur donnant… la bouteille de jus d'orange. Bien sûr, ils voulaient de l'argent, mais ils ont fini par s'en contenter. Je suis choquée. Je savais que la police indienne était corrompue, mais pas au point de frapper quelqu'un pour un pot de vin devant un touriste ! Je veux contacter les autorités, l'ambassade, pour leur raconter ce qu’il s’est passé. Mais il me fait promettre de ne pas le faire, il ne veut pas d'ennuis (ils ont pris une photo de sa carte d'identité avant de partir), et puis les autorités sont tout autant corrompues. Il dit que de toute façon, ils auront un mauvais karma dans la vie. Personnellement, je leur aurait bien renvoyé leur karma dans la tronche, mais bon, c’est facile à dire pour moi qui ne risque rien.

 

Nous écoutons encore un peu le concert, puis il est temps d'aller se coucher. Happy m'avait dit qu'il essaierait de nous trouver des tentes pour la nuit. Il y a en effet plein d'hôtels proposant des grandes tentes très bien aménagées (avec mobilier et salle de bain attenante) dans le coin. Mais ce soir, avec le festival, il y foule et la plupart des hôtels sont complets. Il m'informe qu'un de ses potes lui a réservé gratuitement une tente, mais que du coup, il ”n'a pas osé” en demander deux… Je tique. Je lui avais bien dit que je voulais deux tentes. J'accepte quand même d'aller voir, avec deux lits bien séparés ça pourrait le faire. Mais il s'agit d'un grand lit double. C'est non. Happy semble tout gêné. Il propose timidement que nous demandions des couvertures séparées, comme ça, ça pourrait faire comme si… je le coupe dans ses explications. Il se fiche de moi ou quoi ? “Bon, dans ces cas-là je vais dormir dans la jeep, il ne fait pas si froid”, me dit-il d'un air de chien battu. Je précise qu'il a commencé à pleuvoir (oui, dans le désert) et que la température a bien baissé. Il n’en est pas question.

 

Cependant, j'ai repéré un matelas sous l'auvent devant la tente, je lui propose de le poser au pied du lit et qu'il dorme dessus. Il accepte, soulagé.

 

Nous discutons encore un peu puis je commence à m'installer pour la nuit, je suis bien fatiguée maintenant. Il m'indique qu'il n'ose pas déplacer le matelas (“je ne veux pas déranger”) et qu'il va dormir par terre au pied du lit. Grand bien te fasse, mon gars. Moi, je m'installe dans le lit quoi que tu décides.

 

Mais au moment où je me couche, j'entends un grand boum et je m'aperçois que je suis descendue d'un étage. Le lit s'est effondré. J’éclate de rire. Il ne manquait plus que ça ! Happy répare tout ça rapidement. Je peux enfin me recoucher.

 

 

Je commence à sombrer dans le sommeil quand j'entends Happy qui m'interpelle : “non mais en fait, je sens que cet endroit n’est pas pour toi, on va rentrer, ce sera mieux”. Nom de dieu, tu pouvais pas me dire ça avant que je commence à m'endormir, non? “Tu n'es pas à l'aise, ça se voit. Et puis tu as peur que le lit ne s'écroule pendant la nuit”. Mais bien sûr. Tu as déduis ça du fait que je mette une minute avant de commencer à m'endormir profondément, je suppose ? Mais il semble tellement malheureux que j'accède à sa requête. Clairement, c'est lui qui est très mal à l'aise. Et puis vu l'heure qu'il est, il n’y a plus personne sur la route et le trajet est rapide.

Je le quitte en arrivant à l'hôtel, tout en lui répétant pour la quinzième fois depuis le début du trajet qu'il arrête de s'excuser pour la soirée. Et je vais enfin dormir tranquillement dans mon lit.

 

Le lendemain est une journée tranquille, nous passons le plus clair de notre temps à papoter devant son échoppe. Il tient tout de même à m'emmener à quelques kilomètres de là, à l'endroit où se trouvait l'ancienne ville de Jaisalmer. Un temple a été conservé. Un très bel endroit, dont ne parle aucun guide touristique.

Jaisalmer - ancienne capitale

Jaisalmer - ancienne capitale

Jaisalmer - ancienne capitale

 

Le soir il y a plusieurs mariages dans la ville, c’est apparemment une date astrologiquement propice (un critère important pour les Indiens). Parmi ceux-ci il y a celui d'un membre éloigné de la famille de Happy.

Je lui demande si c’est un mariage arrangé. Oui, évidemment… Les futurs époux se sont-ils déjà rencontrés ? Apparemment, ils ont ont eu l'occasion d'échanger un peu sur WhatsApp. Happy, lui, avait totalement découvert son épouse le jour de son mariage. Waouh, que de progrès en 15 ans ! Quelques messages échangés sur internet avant de passer ta vie avec quelqu'un…

 

Quoi qu'il en soit, le mariage dure plusieurs jours et ce soir, c’est la parade dans les rues. Ils ont loué un camion qui joue de la musique techno à fond, et qui roule lentement dans les rues, suivi par une foule en liesse. Évidemment, quand il passe devant nous, je suis chaleureusement invitée à danser parmi eux. Dommage que la musique ne soit pas plus typique, mais au moins c'est plein de bonne humeur (en plus de provoquer des embouteillages monstrueux).

Jaisalmer - mariage

 

Jeudi matin, il est temps pour moi de partir, prendre mon vol pour Delhi. Naru ne veut pas que je paye pour ma chambre, j'insiste et il finit par accepter en me faisant une super réduction. Il m’emmène en voiture jusqu'à l'aéroport, avec Happy. Je leur dis au revoir le cœur gros, ce sont vraiment devenu des amis à présent.

 

La dernière journée je visite encore un peu Delhi, puis met un terme à ce voyage ô combien intense et riche en émotions.

Delhi

Delhi

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Commentaires
N
L'inde et les tribulations d'Elsa me manquent... Vivement le prochain voyage ! Et je n'oublie pas le transsibérien !!!
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M
Oh Elsa. Trop beau, trop fort.
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